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dant nous reconnaissons tous qu’Alexandre Dumas était une organisation pauvre, au moins une organisation anormale. C’était un être exceptionnel, fort étrange, une imagination féconde certainement, et une intelligence supérieure à beaucoup d’égards, mais inférieure à beaucoup d’autres. Toute sa vie, Dumas est resté un vieil enfant, plein de verve juvénile, mais indiscutable et incapable d’accepter une autre règle que celle de ses caprices puissants. C’était un nègre blanc très bien doué, mais au moral, c’était un nègre. C’était un produit extraordinaire, ayant plutôt encore le caractère de l’hybride que celui du métis. Un fait aussi exceptionnel ne saurait être érigé en règle générale ; et l’on se demande ce que serait une nation composée d’Alexandre Dumas, même d’Alexandre Dumas fils[1]. »

Jusqu’où l’esprit de système ne pousse-t-il pas ceux qu’il inspire ! C’est un fait vraiment étrange que celui de la savante femme, attribuant à la dégénération du sang blanc · dans les veines de l’immortel romancier et poète, ces caprices puissants qui sont pourtant l’apanage de toutes les organisations qui sortent du commun. Avant et après Sénèque, on l`a souvent répété : « Il n’y a pas de grand esprit sans un grain de folie, » Nihil est ingenium magnum sine aliqua mixtura dementiæ. Mme  Clémence Royer qui a aussi démesurément de l’esprit serait-elle la seule personne à oublier un si vieux et si vulgaire dicton ? Byron et Musset ne poussaient-ils pas leur nervosisme encore plus loin qu’Alexandre Dumas ? Pour être conséquente, la science anthropologique ne devrait-elle pas aussi les considérer comme des nègres, au point de vue moral ? J’avoue qu’à ce compte, toutes les célébrités, particulièrement et psychologiquement étudiées, seront classées parmi les organisations morales de nègres ; si bien que

  1. Congrès intern. des sciences ethnogr., tenu à Paris en 1878, p. 196.