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Il faut convenir des faits ; car il n’y a pas de démonstration contre l’évidence. Mais dans le cas même de ce que nous pouvons appeler la beauté picturale, la couleur blanche du Caucasien est-elle la plus belle que l’on puisse concevoir ? Je ne le crois nullement. Cette couleur belle entre toutes, je la trouverais de préférence dans celle du métis blanc et du noir, dans celle du mulâtre !… Je dis le mulâtre, -mais il faudrait plutôt dire la mulâtresse.

Le mulâtre, quand il est beau, a trop souvent des défauts qui neutralisent tout l’effet que pourrait produire sa personne. Avec des manières affectées ou efféminées, souvent étudiées ou prétentieuses, il offre rarement ensemble cet abandon, cette liberté et cette vigueur de mouvement qui sont l’idéal de la beauté mâle. C’est une remarque que l’on peut faire tant en Haïti que dans la Dominicanie et les colonies européennes, sans pourtant négliger les nombreux exemples qui font de brillantes exceptions a l’observation générale.

La perle de la race jaune issue du type blanc et du type africain, c’est bien la mulâtresse. Lui conservant dans toute leur intégrité la jeunesse du sang, la gracilité des formes et la fraîcheur veloutée de la peau qui font de la femme noire cette créature dont Michelet parle avec un accent si nerveux, la nature embellit encore ces qualités vives de la mulâtresse, en y ajoutant cette belle couleur qu’on appelle jaune, mais qu’on trouverait difficilement sur la palette d’un peintre, fût-il un Titien ! Celui qui contemple un beau lever de soleil dans les régions tropicales peut saisir furtivement ce jeu de lumière que l’aurore laisse glisser de ses doigts de rose, comme on dirait dans la langue d’Homère, et dont la nature a orné le visage de la mulâtresse, mais il lest incapable d’en reproduire l’image chromatique. De même qu’en ce cas, la vitesse avec laquelle les vibrations des ondes lumineuses se communi-