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À l’age de 18 ans, il était déjà professeur d’histoire au lycée du Cap : j’ai été un de ses jeunes élèves, et suis devenu plus tard un de ses meilleurs amis, dans ce commerce affectueux qui naît souvent entre l’instituteur et ceux dont il a soin, quand on y trouve de part et d’autre, une égale satisfaction.

Toute la famille Edmond, originaire du Trou, offre des types remarquablement beaux. Un d’entre eux, que j’ai bien connu, Augustin Edmond, avait une si belle figure et des formes si délicates et fines qu’on ne se lassait jamais de le voir, encore bien que l’on fût habitué à cette beauté de l’homme noir qui dément si souvent les descriptions fantaisistes des ethnographes.

En 1882, le général Henry Piquant, noir, mais absolument beau de visage et de stature, se trouvait à Paris qu’il visitait pour la première fois. Partout où il passait, il attirait l’attention. Intelligent, ayant des manières distinguées, une démarche fière et un port chevaleresque, il pouvait bien figurer à côté de tous les types européens qui s’exhibent sur les boulevards, sans que sa peau noire fît nulle ombre aux formes plastiques qu’il avait si belles. Le général Piquant, qui pouvait rendre bien des services à son pays, est mort bien jeune. D’autres sont morts à côté et en face de lui, tout aussi dignes de regrets, hélas ! Infandum… Triste résultat de la guerre civile, où poussent trop les uns, où courent trop les autres, dans le plus pénible aveuglement !

On n’en finirait pas, s’il fallait continuer ces citations qui ne sont nullement des cas exceptionnels. Pour prouver mon assertion que dans toutes les couches de la population, il se rencontre des hommes noirs dont l’extérieur n’offre rien de repoussant, j’offrirai au lecteur le portrait d’un ancien soldat inculte et sans aucune éducation, devenu empereur d’Haïti par le jeu bizarre d’une malheu-