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et conserver dans leur mémoire. Qui sait, en effet, ce qu’une bonne parole peut produire de miracles, quand elle sort d’une telle bouche ?

Si la femme noire d’Haïti est belle et gracieuse de forme, l’homme noir transporté sur cette terre de la liberté ne se distingue pas moins par l’embellissement du type qu’il représente. Il faut même remarquer ce fait. Contraiment à ce qui se voit dans les pays d’Europe, il y a dans la race noire d’Haïti beaucoup plus de beaux hommes que de belles femmes. Je ne puis expliquer ce fait qu’en l’attribuant au plus grand développement intellectuel que reçoit le jeune homme haïtien, comparativement à la jeune fille.

On pourrait objecter que l’inégalité intellectuelle entre les sexes existe aussi en Europe, sans qu’un tel résultat s’y laisse constater. Mais ne serait-il pas aussi logique de se demander si les choses ont toujours été telles que nous les voyons maintenant ? N’est-il pas constant que la civilisation tend sensiblement à opérer une certaine égalisation entre les qualités de l’homme et celles de la femme ? Les conditions ne sont donc pas absolument semblables. La femme européenne, quoique moins instruite que l’homme de la même race, a pourtant reçu, comme son futur maître ou protecteur, une culture intellectuelle qui, pour n’être pas très développée, ne suffit pas moins pour la mettre à même de comprendre et de partager les aspirations de l’homme. Son esprit est largement ouvert à toutes les conceptions de l’art et de la poésie. Si la nature a mis en elle une de ces étincelles sacrées qui font briller certaines intelligences au-dessus des autres, elle trouvera dans son instruction, si écourtée qu’elle soit, tout ce qu’il faut pour devenir une Mme de Genlis, une Mme de Staël, une George Sand, une Delphine Gay si bien préparée pour porter le nom d’un Saint-Marc de Girardin. Cette pre-