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des races humaines.

les difficultés matérielles des milieux où ils séjournent. Mais l’homme ne se suffit jamais à lui-même. L’orgueil ou la misanthropie dépressive, qui lui inspire parfois l’idée de cet isolement, n’est jamais autre chose qu’un cas pathologique décelant toujours une lésion quelconque de l’organisme. C’est que l’homme a besoin de l’homme pour le perfectionnement et pour l’étude même de sa personnalité propre. Goethe, réunissant à la science du naturaliste et du philosophe la compréhension large du poète, a dit quelque part :

Der Mensch erkennt sich, nur in Menschen, nur
Das Leben lernt Jedem was er sei !

Rien de plus vrai. L’homme n’apprend à se connaître que dans son semblable et le commerce de la vie seul enseigne à chacun sa propre valeur. Mais revenons aux discussions des naturalistes, s’efforçant d’établir la place de l’homme dans les classifications zoologiques.

L’autorité de Cuvier reposait sur des titres vraiment solides. Créateur réel de l’anatomie comparée qui n’a été que vaguement étudiée dans les travaux de Vic d’Azir et de Daubenton, travaux peu remarquables si on veut envisager les importantes acquisitions déjà faites à la science par Aristote, Cuvier était mieux que personne à même de trancher la question, à savoir si l’homme mérite une place à part dans l’échelle zoologique. Aussi ses opinions et celles de son école devinrent-elles bientôt l’expression de l’orthodoxie scientifique.

Bien plus ! Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, suivant les traces de son père illustre dans la culture d’une science dont les attraits ne le cèdent à aucun autre, mais gardant l’indépendance d’esprit qui caractérise le vrai savant, enchérit sur l’école classique, en proposant de reconnaître un règne humain. Ici, non-seulement l’homme est séparé des animaux supérieurs, mais encore il occupe une place à