Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelle difficulté offrent les mathématiques lorsqu’elles ont été graduellement inculquées à l’esprit ? Quelle complexité de méthode y rencontre-t-on ? Ce qui les rend abordables, ce n’est nullement de grandes facultés intellectuelles, c’est une certaine discipline de l’esprit ou les formules et les théorèmes tiennent lieu de chef de file, dans toutes les évolutions du calcul. Les Monge, les Laplace, les Arago, les Leverrier, sont des hommes qui planent bien haut, au-dessus du commun ; mais nonobstant qu’ils réunissaient aux mathématiques d’autres aptitudes qui en ont augmenté le mérite, il faut convenir que beaucoup de savants, sans être des mathématiciens, occupent une place plus élevée dans les carrières de l’intelligence, où ils ont cueilli des palmes autrement importantes. Il est certain que les découvertes d’un Cuvier, d’un Lavoisier, d’un Berzélius, d’un Claude Bernard ont une importance infiniment plus grande pour le progrès général de l’espèce humaine que tout ce qu’on pourra jamais tirer des mathématiques. Je conviens, tout le premier, qu’il faut pour devenir un bon mathématicien, avoir des habitudes intellectuelles que tous les hommes ne cultivent pas et peut-être ne peuvent cultiver ; mais en est-il différemment pour les autres sciences d’une complexité supérieure ? Non. Pourquoi doit-on alors voir dans l’aptitude au calcul un signe naturel de la supériorité organique du cerveau ?

D’ailleurs, ce n’est pas à la race blanche que revient l’honneur d’avoir inventé ni la science des nombres ni la mesure de l’étendue. L’origine des mathématiques remonte à la noire Égypte, la patrie des Pharaons. Tous les savants qui se sont occupés de l’histoire des sciences exactes sont unanimes à reconnaître que les anciens Égyptiens ont été les créateurs de la géométrie[1]. Plus de trois mille ans avant

  1. Voir surtout Bretschneider, Die geometrie und die geometer vor Euclides, Leipzig, 1870.