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science dont les interprètes les plus autorisés s’entendent si peu sur les bases fondamentales qui doivent en être établies, avant d’y formuler aucune déduction théorique, ne saura jamais s’entourer du prestige nécessaire pour commander aux esprits et soumettre les doutes de l’intelligence.

Cette confusion des idées engendre ou tolère une terminologie imparfaite dont insuffisance n’a pas échappé aux savants consciencieux. « Les termes techniques les plus importants de la science de l’homme, dit M. de Rosny, sont au nombre de ceux sur lesquels reposent les plus regrettables malentendus. Si l’idée de l’espèce en apparence si rigoureuse en zoologie, a pu être contestée, presque ébranlée par la doctrine du transformisme, l’idée de race, déjà moins claire, moins précise quand il s’agit des animaux, devient obscure, vague, trompeuse, parfois même fantaisiste, quand elle est appliquée à l’homme[1]. » Ces expressions paraissent bien rudes et sont de nature à diminuer l’orgueil de bien des savants ; mais elles ne sont pas moins vraies, pas moins caractéristiques.

D’où vient alors ce vague, cette obscurité qui pénètre l’esprit de ceux qui s’occupent d’étudier les races humaines et de les classer ? Les difficultés sont-elles inhérentes à la science même ou bien sont-elles le résultat des systèmes préconçus, voulant tirer des faits naturels la confirmation de certaines doctrines enfantées par le préjugé ? Les deux cas existent. D’une part la science anthropologique manque jusqu’ici de principes certains ; de l’autre, l’esprit de système en profite pour construire les théories les plus extravagantes et en tirer des conclusions aussi vaines que prétentieuses.

Mais avant d’accuser la science ou les savants qui en font l’interprétation, ne convient-il pas d’examiner les

  1. Compte-rendu du Congrès international des sciences ethnographiques tenu à Paris en 1878, p. 750.