Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plus beau produit de la nature. Quelles que soient, pourtant, les transformations que les groupes aient subies sous des influences diverses, ils ardent tous l’empreinte primordiale, constitutionnelle de l’espèce, avec cette identité de la conception humaine qui en est la traduction intellectuelle et morale. « L’unité de l’intelligence est la dernière et définitive preuve de l’unité humaine, a écrit Flourens[1]. »

Conclure à l’unité de l’espèce, c’est donc, par une large compréhension de l’esprit, dominer toutes les fausses suggestions que la diversité des races humaines pourrait produire à l’intelligence, pour ne voir que le caractère essentiel qui fait de tous les hommes une réunion d’êtres capables de se comprendre, de confondre leurs destinées dans une destinée commune. Cette destinée est la civilisation, c’est- à-dire le plus haut perfectionnement physique, moral et intellectuel de l’espèce. Jamais une source de sentiments fraternels ne sera plus vive et plus salutaire entre les races et les peuples que l’idée ainsi comprise de l’unité de l’espèce humaine.

C’est la conviction intime, innée de cette unité qui rend l’homme sacré à l’homme, sans qu’on soit obligé de recourir à des notions de morale spéculative, vagues, irrégulières, incohérentes, changeant de critérium, selon les temps et les milieux. Nous la tenons provisoirement comme une de ces vérités primordiales, qui servent de postulat à tous les principes sociaux. C’est elle qui doit leur imprimer cette haute direction dont l’influence tend visiblement à aplanir toutes les compétitions nationales, toutes les luttes intestines.

Mais suffit-il de reconnaître l’unité de l’espèce pour que soit résolu, directement ou indirectement, le problème

  1. Éloge historique de Tiedemann.