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On ne l’a jamais présentée dans cette forme, que nous sachions. La raison en est bien simple. Ceux qui auraient intérêt à la présenter telle, afin de concilier la théorie de l’unité de l’espèce humaine avec le fait existant des variétés, qui semblent constituées depuis un temps immémorial, n’acceptent pas l’origine autochthone des grandes races humaines. Ceux qui admettent cette pluralité d’origines n’admettent pas l’unité de l’espèce. Involontairement ou non, ceux-ci se laissent encore influencer par la définition de l’espèce, considérée comme l’ensemble des individus issus d’un couple ou d’un groupe primitif. C’est une définition monogénique, à laquelle ils ne songent peut-être pas. Mais l’esprit de l’homme est-il fait autrement ?

Les centres de création imaginés par Agassiz se rapprochent peut-être de ce que j’ai supposé comme une explication raisonnable de la pluralité d’origines des groupes humains, s’adaptant à une espèce unique. Mais dans la théorie du célèbre naturaliste suisse, les races humaines sont censées apparaître, ab ovo, avec toutes les différences que nous leur voyons aujourd’hui. Elles constitueraient donc autant de créations formellement distinctes et pourraient être regardées comme de vraies espèces, n’ayant jamais rien eu de commun, essentiellement inconvertibles.

Pour en donner une explication rationnelle, il faudrait recommencer à chercher les différentes époques de leurs créations successives, rapportées alors à des phases différentes de l’évolution de la vie planétaire. Il faudrait remettre en question le problème qui consiste à savoir si les noirs ont précédé les blancs, si c’est le contraire, ou si la protogenèse des jaunes n’expliquerait pas mieux, par la déviation divergente du type primitif, la diversité des races actuelles. Toutes ces grosses questions soulèvent autant de controverses que celle même de l’unité d’origine. À part ce côté purement spéculatif, la délimitation des centres