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purement étymologique du mot qu’ils ont choisi pour désigner leur théorie, ils avaient seulement soutenu que tous les hommes ne tirent pas leur origine d’un seul père, ou d’un seul point de la terre, comme nous l’affirme la tradition biblique.

En toute discussion, la confusion provient toujours soit d’une mauvaise exposition des points à éclaircir, soit d’une application forcée ou fausse donnée à un mot mal défini. Ainsi, l’unité de l’espèce humaine est un fait clair et intelligible, pour tous ceux qui l’étudient au point de vue des sciences naturelles ; mais qu’on y applique le mot monogénisme, il survient subrepticement une notion arbitraire, indémontrable, dont l’adjonction affaiblit considérablement ce qu’il y a de vrai dans le fait primitif. Malheureusement, la majorité des défenseurs de la théorie unitaire se compose de naturalistes essentiellement attachés aux idées religieuses. Ils ne peuvent séparer les intérêts de la foi de ceux de la science ; et pour sauver les uns ils compromettent les autres.

« La différence d’origine, dit Broca, n’implique nullement l’idée de la subordination des races. Elle implique, au contraire, cette idée que chaque race d’hommes a pris naissance dans une région déterminée, qu’elle a été comme le couronnement de la faune de cette région[1]… » J’adhère parfaitement a cette opinion, mais en ajoutant aussi que la différence d’origine n’implique nullement des différences spécifiques parmi les races humaines.

Rien ne prouve, en effet, que l’espèce humaine, tout en faisant son apparition sur plusieurs points du globe, ne s’est pas présentée partout avec une même constitution organique, manifestant l’unité de plan qui donne à chaque création son caractère typique. En étudiant les cinq zones

  1. Broca, loco citato, t. III, p. 566.