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d’une certaine surprise, en voyant un savant de la trempe de Broca le mettre en doute. Mais que fait l’habile dialecticien ? Après avoir formulé plusieurs hypothèses, pas plus rationnelles les unes que les autres, il en vient à cette déclaration : « Pour donner à la question une solution vigoureuse, il faudra pouvoir étudier une population uniquement composée de mulâtres de premier sang. » C’était vraiment imposer des conditions impossibles. Partout où l’on rencontre des mulâtres, leur seule existence prouve qu’il y a ou qu’il y a eu des blancs et des noirs en contact immédiat. Or, il restera toujours, des deux races ou de l’une d’elles, des représentants assez nombreux pour qu’on ne trouve jamais cette population uniquement composée de mulâtres de premier sang, c’est-à-dire issus directement du croisement de la blanche et du noir ou du blanc et de la femme noire. Si on imposait des conditions semblables pour chaque genre d’études, on peut certifier que toute expérience scientifique deviendrait absolument impossible. Des naturalistes non aveuglés par l’esprit de système ne seraient-ils pas plus raisonnables ? Au lieu de tant d’exigence, ne leur suffirait-il pas que l’expérience fût faite sur vingt ou trente familles de mulâtres, ou même le double ? En ce cas, il est facile de prouver que la fécondité des mulâtres entre eux est un fait d’une évidence irréfragable.

Les Dominicains de l’île d’Haïti sont une première preuve. Il est vrai que dans ce pays il est reste beaucoup de blancs, qui ont continué à se croiser avec les diverses autres nuances, de telle sorte qu’à côté des mulâtres de premier sang, il se trouve beaucoup de sang-mêlé, de griffes, de noirs, etc. Mais l’existence de ces différents métissages ne contrarie en rien les recherches qu’on voudrait faire sur les résultats du croisement des mulâtres de premier sang entre eux. Ceux-là sont nombreux ; et les cas abondent