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entre ceux qui sont dans le Nirvâṇa et ceux qui n’y sont pas.

152-153. Les choses étant vides, que pourrait-on recevoir ou prendre ? Qui pourrait être honoré ou méprisé, et par qui ? D’où viendrait le plaisir et la douleur ? Qu’est-ce qui peut être agréable ou odieux ? Qu’est-ce que la Soif ? Et où trouver cette Soif dont on cherche la nature ?

154. Si on examine le monde des vivants, qui meurt ? qui naîtra ? qui est né ? qui est un parent ou un ami ?

155-156. Comprenons, mes frères, que tout est vide comme l’espace. On s’irrite ou on se réjouit, en querelles ou en fêtes. Désirant notre bonheur, nous passons péniblement notre vie dans le chagrin, la lutte, le découragement, en nous blessant les uns les autres, en maux de toutes sortes.

157-158. Les morts tombent dans les enfers pour y endurer de longues, de cuisantes tortures, et retournent de temps en temps aux cieux pour y prendre l’habitude du bonheur. Le Saṃsâra comporte des chutes multiples : il n’y a rien d’aussi peu existant. Tout y est contradiction : il ne saurait être vrai.

159-161. Il renferme des océans de douleur, sans pareils, terribles, infinis. Il est le domaine des forces débiles et des existences brèves. Là, on use rapidement ses jours inutiles dans les soins de sa vie et de sa santé, parmi la faim, la maladie, la