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causes, le corps est considéré comme un homme ; de même, tant que cette réunion de causes dure dans les membres, on y voit un corps.

86. De même il n’y a pas de pied : c’est une réunion d’orteils. L’orteil n’est qu’un groupe de phalanges ; la phalange est formée de parties.

87. Les parties à leur tour sont composées d’atomes, l’atome se divise en six sections correspondant aux points cardinaux ; chaque section étant indivisible n’est que l’espace vide. Donc il n’y a pas d’atome.

88. Ainsi la forme est semblable à un rêve : quel homme sage voudrait s’y attacher ? Et puisque le corps n’existe pas, qu’est-ce que l’homme ou la femme ?

89. Si la douleur existe réellement, pourquoi n’affecte-t-elle pas ceux qui sont dans la joie ? Pourquoi le plaisir d’un aliment savoureux laisse-t-il insensible celui qui est en proie au chagrin ?

90. Dira-t-on que le plaisir ou la douleur n’est pas senti parce qu’il est éclipsé par une sensation plus forte ? Mais comment appeler sensation ce qui a pour caractère de n’être pas senti ?

91. Alléguera-t-on que la douleur est à l’état subtil et que son état développé lui a été ravi par une sensation plus forte ? Mais il se peut que l’autre sensation ne soit que du plaisir pur réduit aussi à l’état subtil.