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80. Telles sont les misères des hommes en proie au désir, et leurs chétives jouissances valent tout juste la maigre pitance du bœuf qui traîne la charrette.

81. C’est pour cet atome de jouissance, accessible même au bétail, que l’homme, aveuglé par le destin, laisse perdre cette plénitude de l’instant si difficile à obtenir.

82. Pour ce corps éphémère, banal, voué aux enfers et à toutes les sphères de la douleur, que de peines on s’est imposées depuis l’origine des temps !

83. Avec un effort mille fois moindre on eût atteint la Bodhi. Les esclaves du désir souffrent bien plus que les Bodhisattvas et n’atteignent pas la Bodhi.

84. Épée, poison, feu, précipice, ennemis, rien de tout cela ne peut être comparé aux désirs, si on songe aux tortures des enfers.

85. Donc redoutez les désirs, mettez votre joie dans la solitude, dans les forêts paisibles, où il n’y a ni querelles ni peines.

86. Sur les rochers charmants, spacieux comme des terrasses de palais, rafraîchis par le santal des clairs de lune, heureux celui qu’éventent les douces et silencieuses brises des bois et qui marche en songeant au salut d’autrui !

87. Il séjourne n’importe où, le temps qu’il lui