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— Oui, je veux bien, répondit Pierrette d’un ton languissant.

Elle se mit sur ses pieds, et sentit comme un vertige. La lumière, en sortant de ce recoin d’ombre lui venant tout à coup dans les yeux, l’avait éblouie. Elle porta la main en avant pour trouver un soutien, aussitôt M. de Morais lui offrit son bras.

Elle s’y appuya en le remerciant, et ils se promenèrent à leur tour parmi les groupes avides de solitude.

Pierrette craignait que Guy de Morais ne lui parlât, et même qu’il eût désiré ce tête à tête, aussi s’efforçait-elle de tenir la conversation. Elle voulait paraître enjouée, mais il comprit aussitôt que la note était forcée.

— Vous vous croyez obligée de causer pour m’être agréable. Votre présence me suffit, restez bien calme, je vous prie.

Ils continuèrent à parcourir la véranda en silence, et les couples qu’ils croisaient devaient se demander quelle brouille entre eux les empêchait de trouver un sujet de conversation. Ils semblaient si bien faits l’un pour l’autre.

Toute la conduite du jeune homme était faite de prévenances et de sollicitude. À intervalles, il s’arrêtait afin de s’informer s’il marchait trop vite, si elle désirait rentrer au salon ?

Les premières dames commençaient à remettre leurs manteaux, tandis que les Messieurs appelaient un taxi.

De nouveau Guy de Morais proposa à Pierrette de partir, elle répondit affirmativement. Elle semblait soulagée à la pensée de s’éloigner.

— Pourquoi n’avez-vous pas voulu prendre congé plus tôt puisque vous étiez lasse ?

— Parce qu’il n’est pas d’invités plus désagréables que ces sans-gêne qui, par leur départ précipité, gâtent toute une soirée de plaisir.