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Guy aida Pierrette à se débarrasser de son manteau de rat musqué. Il ne put s’empêcher de lui faire compliment de sa toilette.

Elle en fut toute heureuse, elle avait tant désiré qu’il la trouvât bien mise et à son goût.

Pourquoi attachait-elle tant d’importance à son opinion ? Elle ne le savait certainement pas.

La vue était tragique et triste, Pierrette se plaignit à son compagnon de la température surchauffée de la salle.

— Donnez-moi votre manteau. Mademoiselle, je vais m’en charger, il vous tient chaud, placé de la sorte sur le dossier de votre siège.

Pierrette se leva et lui tendit la fourrure.

Autrefois elle aurait trouvé cela ridicule, maintenant, inquiète de sa santé, plus enfantine, elle ressentait un vrai bonheur de se sentir gâtée.

Après la représentation, il la conduisit au restaurant ; elle se sentait lasse, ce qui ne lui arrivait jamais auparavant, elle luttait afin de n’en rien laisser voir, mais M. de Morais, assis en face d’elle, se pencha et lui dit en la menaçant du doigt :

— Pour la première fois que vous revenez à vos anciennes habitudes nous avons un peu forcé la note. Ce cerne sous vos yeux ! pressons-nous et rentrons. Je ne me pardonnerais jamais de vous causer une trop grande fatigue ; votre santé avant tout.

À la porte, il ne s’attarda pas :

— Allez vous reposer bien vite, conseilla-t-il.

Elle s’enfuit dans sa chambre, s’installe près de la lumière, et se met à lire ; elle se sent nerveuse et pas du tout sommeil.

Elle se demandait ce qu’elle allait devenir dans ce labyrinthe. M. de Morais n’était pas revenu à Québec en simple voyageur, mais il était bien venu avec l’espoir de la revoir, toute sa conduite le prouvait et elle n’osait préciser. Elle était si troublée.

Elle resta là sous les reflets de la veilleuse s’efforçant de trouver une solution.