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CHAPITRE QUATRIÈME

LE RETOUR


Septembre. Pierrette et sa mère ont réintégré leur résidence à la ville. Ce n’est pas que le temps soit maussade, mais Charlie reviendra sous peu, ce sont les derniers préparatifs.

En apparence, Pierrette est joyeuse d’une façon inaccoutumée ; toute la journée elle a chanté : c’est ce soir l’arrivée de Charlie. Elle a mis une robe rose, un velours noir étroit garnit l’encolure. Un petit turban de fine paille noire enserre sa tête, des souliers de satin noir aux talons hauts cambrent le pied. Cinq heures et demie, l’auto démarre. Pierrette exulte. Six heures moins dix et le train entre en gare. Charlie revient seul, son ami est resté là-bas. Pierrette attend impatiente près de la chaine qui défend le passage. Charlie descend aussitôt le train immobilisé. Pierrette l’a aperçu, il avance rapidement. Elle se sent désappointée et glacée. En un instant, Charlie est là, il lui tend la main, il se penche pour l’embrasser, Pierrette raidie le repousse des deux mains :

— Pas ici, non, attends…

Toute sa physionomie est contractée sous l’impulsion d’un sentiment intérieur et profond. Charlie surpris suit docilement Pierrette qui ne trouve pas une parole à lui adresser. Elle s’élance au volant, nerveuse, elle imprime à la machine des soubre-sauts terribles.

À cette heure, à la basse-ville, la circulation est encombrée. Pierrette ne semble voir les automobiles qu’au moment où elles sont prêtes à heurter la sienne. Charlie demande :