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— Non pas, c’est de mon manque de respect, de soumission. Mon père ne m’aurait pas contrarié, mais il aurait cru vous avoir choisie lui-même, si j’avais semblé le laisser décider. Ce qui est fait, est fait, ne revenons pas sur le passé. Tout sera effacé quand ils vous auront vue.

Laure de son côté avoua :

— Je me demande pourquoi j’ai tant tardé à prévenir ma mère ?

Elle promit de s’exécuter sous peu, afin de mettre leurs accordailles bien en règle.

Le temps passe vite. Le carnaval touche à sa fin, le carême suit, ils ont mis une petite sourdine à leurs sorties. Leur formation religieuse ne leur permet pas d’oublier que ce temps est réservé à la pénitence.

Laure n’a pas encore osé faire connaître sa décision à sa mère. Pourquoi s’est-elle mis en tête que cette nouvelle sera mal reçue ? Elle est allé voir les dames religieuses. Son ancienne maîtresse a insisté : « Vous n’avez pas le droit de laisser ainsi votre mère en dehors de votre vie, ce que nous savons, elle est en droit de le savoir. » Relancée dans ses derniers retranchements, Laure a promis d’écrire à Sainte-Hélène à l’occasion de la fête de Pâques.

Elle a choisi quelques bibelots qui, dans son idée, feront plaisir à sa mère, elle en a fait un paquet mignon. Puis, toute la soirée enfermée dans sa chambre, elle a élaboré des lettres, elle ne peut être expansive, cette correspondance. Laure sait si bien qu’elle sera lue par une étrangère. Ce lui est une