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Laure a ouvert les yeux.

— Qu’as-tu fait Laure, tu pourrais mourir de cette imprudence.

— Je me suis endormie au rebord du fossé.

Elle tient fixés sur son père, des yeux qui semblent demander si elle peut parler.

Il lui demande inquiet :

— Tu ne l’as pas fait exprès.

— Quelle idée, dans ce cas, je ne serais pas rentrée.

Un affreux soupçon venait de l’assaillir, si son enfant, sous un calme apparent, se sentait si malheureuse, qu’elle avait désiré mourir.

Il passa ses doigts sur la main de Laure :

— Certain, certain, papa.

Le médecin arrive, gravit l’escalier, traverse le grenier, et s’arrête médusé devant la porte ouverte de la chambre. Cette jeune fille, cette enfant d’Alexandre Daubourge, il ne la connaît pas. Ce n’est pas le temps de formuler un questionnaire. Il demande au père de s’éloigner et commence à ausculter la malade. La température a une tendance à monter, mais les poumons ne sont pas encore atteints. Il faut éviter à tout prix que la pneumonie se déclare sur ce tempérament anémié, elle aurait trop belle partie.

Il redescend à l’étage inférieur, donne ses ordres, conseille à Jacques de faire remplir une prescription tandis qu’ils seront chez lui, ils n’en auront peut-être pas besoin, mais si le mal changeait, ils auraient le médicament sous la main. Appli-