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Elle a écrit à sa mère et n’a pas reçu de réponse. Elle se rendra donc au presbytère afin de savoir comment agir.

Le vieux curé regarde avec bonté cette enfant si jolie placée dans une telle position.

— Ma petite fille, tout le temps de votre maman appartient à des étrangers. Elle n’a que quelques heures de liberté par semaine. À moins que vous n’ayez les ressources nécessaires pour vous mettre en pension dans une famille privée, vous ne pourrez demeurer longtemps dans la paroisse, la position de votre mère, dans cette maison où elle est très bien traitée, est une position de subalterne, on ne lui permettra pas de vous garder. Ces gens là ont leur famille et leurs obligations.

— Cela, je le savais, mais je croyais avoir le loisir de voir ma mère chaque jour.

— Je ne puis vous y encourager, bien que le sentiment parte d’un bon cœur. La solitude lui serait plus dure après votre départ.

— Je suis venue afin d’obtenir qu’elle pardonne à mon père, je ne pourrai obtenir cette réconciliation en une seule entrevue.

— Je crains fort que vous ne l’obteniez jamais. Le temps seul peut faire cette œuvre.

— Ne trouvez-vous pas. Monsieur le Curé, qu’assez d’années se sont écoulées. Je désire faire connaissance avec toute ma famille paternelle. Vous savez quelle a été ma première expérience de l’amour. Demain, je tomberai sur mon cousin germain.