Page:Filion - À deux, 1937.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 154 —

parfaire son œuvre. Elle ira tout d’abord embrasser sa mère qui ne semble pas lui pardonner le refus obstiné qu’elle oppose à ses envois d’argent, et lui faire comprendre qu’elle ne peut dépenser en futilités une partie de ses revenus, ils représentent de trop durs labeurs.

Elle ne peut être heureuse que dans la paix, elle la veut parfaite dans tous les cœurs.

Par un lumineux jour de printemps, tandis que le soleil fait jaillir des étincellements des verrières, Alexandre Daubourge, accompagné de son père, s’avance dans la grande nef de Saint-Jacques, Lucille arrive quelques minutes plus tard au bras d’un oncle qui remplace son père malade. Dans sa vaporeuse toilette blanche, elle avance si menue qu’on dirait une première communiante. Elle s’agenouille et jette un regard vers son fiancé, elle lit dans ses yeux tant de tendresse qu’elle ne sent plus nulle crainte à l’idée de cette union, c’est avec une confiance absolue qu’elle prononce le oui irrévocable. L’orgue fait entendre sa voix grave et les invite à la joie. La messe achevée, ils passent à la sacristie. Laure est restée dans l’église. Au lieu de la satisfaction qu’elle s’est promise de cette journée si longtemps désirée, elle sent l’abattement faire place à l’agitation fébrile qu’elle a dépensée depuis plusieurs mois, elle voudrait sombrer dans l’inaction, les mariés reviennent, elle sent deux bras qui se nouent autour de son cou, c’est Lucille qui lui murmure un merci à l’oreille :