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fut ramené dans la prairie même d’où il était parti.

Chemin parcouru avec la machine, mesuré sur le sol 
    7km,600
Durée de cette période 
  23m
Vitesse moyenne à la seconde[1] 
    5m,50
Nombre d’éléments employés 
  32
Force électrique dépensée aux bornes à la machine 
250kgm
Rendement probable de la machine 
    0,70
Travail de traction 
125kgm
Résistance approchée du ballon 
  22kil,800

À plusieurs reprises, pendant la marche, le ballon eut à subir des oscillations de 2 à 3° degrés d’amplitude, analogues au tangage ; ces oscillations peuvent être attribuées soit à des irrégularités de forme, soit à des courants d’air locaux dans le sens vertical.

Ce premier essai sera suivi prochainement d’autres expériences faites avec la machine au complet, permettant d’espérer des résultats encore plus concluants.


On a remarqué que, dans le récit de leur ascension de 1883, les deux capitaines de Meudon ne disaient rien de la composition de la pile dont ils faisaient usage pour animer leur machine dynamo-électrique. On pensait généralement que c’était la pile au bichromate de potasse, qui était alors la plus répandue pour fournir un courant d’une grande intensité, mais de peu de durée et d’une énergie décroissante, c’est-à-dire celle dont avaient fait usage les frères Tissandier, en 1883. Tel n’était pas cependant le générateur électrique du ballon de Chalais. Le secret de sa pile n’a été divulgué que plus tard, par M. Krebs, qui, dans une communication adressée en 1888, à l’Académie des sciences, a décrit sans réticence son générateur d’électricité.

La pile employée par M. Krebs est, selon lui, cinq ou six fois plus puissante que la pile ordinaire au bichromate de potasse. Le liquide actif est de l’acide chlorhydrique à 11° Baumé. Elle renferme l’acide chlorhydrique et l’acide chromique à équivalents égaux. Chaque élément de cette pile est un tube contenant une électrode positive et un cylindre de zinc placé suivant l’axe de cette électrode. Cette disposition a pour effet d’augmenter la densité du courant électrique à la surface du zinc (elle atteint de 25 à 40 ampères par décimètre carré). L’électrode positive n’est pas en charbon, comme celle de la pile à chromate ; les courants produits ont une telle intensité que le charbon n’est pas assez conducteur pour leur donner passage. L’électrode se compose d’une large lame d’argent platiné par laminage sur ses deux faces. L’épaisseur totale de la lame platinée est de 0mm,1 ; l’épaisseur du platine, sur chaque face, est de 0mm,0025 seulement. À conductibilité égale, le charbon de cornue serait environ 2 500 fois plus épais et 200 fois plus lourd. Le zinc n’est pas amalgamé, car, amalgamé ou non, il se dissout. En supprimant l’amalgamation, on peut employer des zincs de faible dimension ; ce qui ne serait pas possible avec l’amalgamation, car le mercure rend le zinc très cassant.

Si l’on ajoute au liquide chloro-chromique de l’acide sulfurique, on obtient, selon la proportion du mélange, des liquides actifs atténués, dont la capacité reste la même que celle de la solution normale, mais qui permettent de diminuer l’activité de la pile. On peut, par conséquent, régler ainsi la durée du fonctionnement et appliquer la pile à des usages très divers.

Chaque élément est renfermé dans un tube en ébonite ou en verre, dont la hauteur est dix fois son diamètre. Au potentiel normal de 1,2 volt, le courant est proportionnel à la surface du zinc.

Comme l’acide chromique cristallisé est cher, on peut le remplacer par des liquides obtenus en traitant le bichromate de soude par l’acide sulfurique ; on recueille directement l’acide chloro-chromique dans l’eau.

Un élément peut résulter du groupement

  1. Le vent étant presque nul, la vitesse absolue se confond sensiblement avec la vitesse propre par rapport à l’air, d’autant plus que l’aérostat a décrit une trajectoire fermée.