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et termina ses quatre années d’études secondaires ; et il gagna, à seize ans, son diplôme de bachelier ès sciences. Il acheva brillamment ses études au lycée de Nancy et remporta, à dix-huit ans, le grand prix dans la Faculté des sciences, au concours général.

En 1866, il entra à l’École polytechnique, et quand éclata la malheureuse guerre de 1870, il sortait de l’École d’application de Metz pour prendre, en qualité de lieutenant, le commandement de la compagnie du génie attachée au corps d’armée de la Loire. Il s’y distingua par sa vaillante conduite.

En 1878, le renom qu’il s’était acquis dans l’armée par ses aptitudes scientifiques lui fit confier le service de l’aérostation militaire. Le ministre de la guerre créa dans le parc de Chalais, près Meudon, une école d’aérostation où il put poursuivre ses expériences.

Dès lors notre savant capitaine se consacra à l’étude de trois problèmes :

1o Donner aux ballons, en général, une solidité plus grande et des organes permettant de s’y confier avec moins de dangers ;

2o Créer des parcs de ballons captifs ;

3o Enfin, créer le ballon dirigeable.

En ce qui concernait les ballons captifs, il fallait : 1o construire une voiture-treuil contenant et laissant dérouler la corde qui retenait l’aérostat en l’air ; 2o trouver le mode le plus pratique pour la fabrication du gaz et pour le gonflement d’un ballon en campagne.

Ces deux difficultés furent résolues d’une façon très pratique.

Quant au troisième problème, le ballon dirigeable, le capitaine Krebs crut l’avoir résolu en adoptant un moteur à la fois d’une légèreté et d’une puissance suffisantes, en même temps que d’une sûreté complète. Nous verrons pourtant que le résultat ne peut être considéré comme entièrement satisfaisant.

Quoi qu’il en soit, nous ajouterons que le capitaine Renard a su se procurer des auxiliaires précieux pour lui venir en aide dans l’accomplissement de sa tâche.

Nous nommerons tout d’abord les deux capitaines Arthur Krebs et Paul Renard, le premier ayant la direction des constructions mécaniques, le second chargé par l’autorité militaire de la construction des bâtiments et de la direction des manipulations qui se rapportent à la fabrication du gaz et, en outre, de la direction du personnel et de divers objets d’administration.

Nous nommerons ensuite M. Duté-Poitevin, aéronaute attaché à l’établissement, à qui incombe la fabrication des ballons et leur entretien ; enfin M. Lépine, contremaître des ateliers de constructions mécaniques.

Le voyage aérien du 9 août 1884 a été raconté par les voyageurs eux-mêmes, dans une communication faite à l’Académie des sciences, dans la séance du 18 août. Nous croyons devoir citer textuellement ce récit :


À 4 heures du soir, disent les auteurs, l’aérostat de forme allongée, muni d’une hélice et d’un gouvernail, s’est élevé, en ascension libre, monté par MM. le capitaine du génie Renard, directeur des ateliers militaires de Chalais, et le capitaine d’infanterie Krebs, son collaborateur depuis six ans.

Après un parcours total de 7 kilomètres 600 mètres, effectué en vingt-trois minutes, le ballon est venu atterrir à son point de départ, après avoir exécuté une série de manœuvres avec une précision comparable à celle d’un navire à hélice évoluant sur l’eau.

La solution de ce problème, tentée déjà en 1855, en employant la vapeur, par H. Giffard, en 1872 par M. Dupuy de Lôme, qui utilisa la force musculaire des hommes et enfin l’année dernière par M. Tissandier, qui le premier a appliqué l’électricité à la propulsion des ballons, n’avait été jusqu’à ce jour que très imparfaite, puisque dans aucun cas l’aérostat n’était revenu à son point de départ.

MM. Renard et Krebs ont été guidés dans leurs travaux par les études de M. Dupuy de Lôme relatives à la construction de son aérostat de 1870-1872, et, de plus, ils se sont attachés à remplir les conditions suivantes :