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L’appareil construit en 1883 par MM. Gaston et Albert Tissandier repose sur le même principe que celui de Giffard, mais il en diffère considérablement dans les détails. Dans cet appareil comme dans celui de Giffard, le gaz hydrogène est obtenu par l’action de l’acide sulfurique sur le fer et l’eau, mais tandis que Giffard employait un seul générateur de gaz de plus grandes dimensions, et plus dispendieux, car il était composé de tôle garnie intérieurement d’épaisses feuilles de plomb, on fait usage ici de simples tuyaux de terre, c’est-à-dire de tuyaux dits tuyaux Doulton, qui servent à la conduite des eaux, et se fabriquent en Angleterre en quantité considérable et à très bas prix. M. Gaston Tissandier a fait usage des tuyaux Doulton de 0m,45 de diamètre intérieur et de 0m,76 de hauteur. Il obtenait ainsi une sorte de réservoir de plus de 6 mètres de hauteur, qui pouvait contenir jusqu’à une tonne de tournure de fer. Avec quatre de ces générateurs on peut produire, par heure, 300 mètres cubes de gaz hydrogène, c’est-à-dire déposer 1 000 kilogrammes de fonte dans 1 500 kilogrammes d’acide sulfurique étendu de trois fois son volume d’eau.

La figure 515 représente un de ces générateurs formé de tuyaux de grès Doulton. C est le générateur de forme cylindrique ; il est fermé à sa partie inférieure par une maçonnerie de briques cimentées par un mélange de soufre fondu, de résine, de suif et de verre pilé. Ce même ciment a été employé pour garnir les joints des tuyaux et les souder les uns avec les autres. Le tuyau de grès inférieur, que nous appellerons le no 1, le tuyau no 4 et le tuyau no 6, en comptant de bas en haut, sont des tuyaux à deux tubulures, qui permettent de ramifier à l’appareil les tubes plus étroits servant : à l’entrée dans l’appareil de l’eau additionnée d’acide sulfurique, à la sortie du liquide chargé de sulfate de fer après la réaction opérée, et au dégagement du gaz hydrogène formé.

Le générateur étant rempli de tournure de fer, l’eau additionnée d’acide sulfurique arrive par le tuyau A, et pénètre à la partie inférieure du récipient. Le liquide traverse un double fond percé de trous, et il s’élève à travers une colonne de tournure de fer, qui se dissout peu à peu. Le fer sous l’action de l’acide sulfurique décompose l’eau dont il fixe l’oxygène ; il se forme ainsi du sulfate de fer et un abondant dégagement de gaz hydrogène. Ce gaz se dégage par le tuyau T ; le liquide chargé de sulfate de fer s’écoule en B, par le tuyau B C en forme d’U, et arrive dans un caniveau, qui le mène directement à l’égout.

L’écoulement de l’eau chargée d’acide sulfurique étant continu, la production de l’hydrogène est également continue, au fur et à mesure que le fer se dissout dans la partie inférieure du générateur, il est sans cesse renouvelé par la réserve contenue dans la partie supérieure du tuyau. Cette réserve de fer qui alimente le générateur est placée dans un tube supérieur métallique, légèrement tronconique : la partie inférieure de ce tube est en cuivre plombé et elle pénètre de quelques centimètres dans le liquide où se produit la réaction ; la dissolution de sulfate de fer en s’échappant en B n’entraîne pas ainsi de tournure de fer.

Le générateur à sa partie supérieure est bouché à l’aide d’une fermeture hydraulique, laquelle en cas d’obstruction forme soupape de sûreté.

L’appareil, ainsi qu’il a été dit, comprend quatre générateurs qui peuvent, à volonté, fonctionner ensemble ou isolément ; il est facile de les séparer du circuit de tuyaux de dégagement, à l’aide de robinets de 0m,08 de diamètre intérieur ; on peut ainsi remettre de la tournure de fer dans un générateur, procéder à son nettoyage en cas d’obstruction des tuyaux, etc., sans interrompre la production des trois autres générateurs.