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niques le long de la scène du théâtre, des deux côtés de la boîte du souffleur, pour recueillir les sons, les chants, les paroles, et les transporter au loin.


Des sermons et des exercices de piété ont été transmis à distance par le même moyen.

À Mansfield (États-Unis), en 1879, on fit entendre les sermons et le service religieux à des personnes âgées et infirmes, qui ne pouvaient quitter leur demeure. Le téléphone, entouré de fleurs, était placé sur une table, devant le prédicateur, et les fils, qui rampaient le long du mur de l’escalier, établissaient les communications avec les chambres des malades, qui pouvaient distinctement écouter les paroles de l’officiant.

Le Courrier des États-Unis du 22 avril 1880 assure qu’un téléphone installé dans l’église Plymouth, à Brooklyn (ville attenante à New-York), et relié aux résidences de MM. Reach, à New-York, et Henry Pope d’Elizabeth, à New-Jersey, permit à ces gentlemen d’entendre de leurs chambres, tout en se livrant au plaisir du jeu, le sermon du révérend Beecher.

À la suite de l’installation de Brooklyn, l’église du prédicateur Talmage, de la même ville, fut pourvue d’un appareil téléphonique, permettant aux paroissiens malades d’entendre, de chez eux, la messe.

À Hartford (Connecticut), chaque dimanche, une centaine d’abonnés sont mis téléphoniquement en communication avec leur église ; et ils peuvent entendre ainsi, sans quitter leur demeure, le sermon du pasteur en chaire.

À Bradford (Angleterre), on peut écouter, chaque dimanche, par le téléphone, les psaumes et le service religieux célébré dans une des chapelles de la ville d’Halifax.

À Birmingham et à Bradfort, d’autres églises sont pourvues d’un système semblable de communication.

À Greenock, depuis le mois de juin 1882, l’église de Saint-Georges-Square est reliée au réseau central de cette ville par un téléphone.

À Paris, en 1882, M. Léon Say, alors Président du Sénat, désirant se rendre compte des effets du téléphone appliqué aux séances de la haute assemblée, fit placer deux microphones à droite et à gauche de la tribune. Les paroles de l’orateur furent ainsi parfaitement transmises au palais du Petit-Luxembourg, dans un des bureaux de la présidence du Sénat. Un secrétaire-rédacteur les percevait aussi nettement que s’il eut été placé au pied de la tribune.

Le même essai eut lieu à l’Assemblée des députés de Berlin. La tribune était mise en relation téléphonique avec une salle éloignée dite salle des machines. Les transmetteurs étaient appliqués des deux côtés de la tribune. Dans la salle des machines, on entendit, non seulement chaque mot que prononçait l’orateur de la Chambre, mais encore les colloques des députés placés près de lui.

Voilà, certes, des résultats extraordinaires, et qui justifient bien le cachet de merveilleux qui s’attache au téléphone !


L’instrument qui nous occupe est aujourd’hui appliqué aux opérations militaires. On s’en est d’abord servi pour juger des effets du tir dans les écoles de tir et les polygones d’artillerie.

Le même instrument peut être d’un grand secours pour la défense des places, pour la transmission des ordres du commandant aux batteries, pour l’échange des correspondances avec des ballons captifs planant au-dessus des champs de bataille, etc.

C’est le téléphone Gover qui est en usage dans l’armée, parce qu’il fonctionne sans pile voltaïque. Le fil est déroulé, et placé sur les épaules d’hommes, échelonnés à des distances convenables.