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ce qui leur économise de grandes dépenses, en réduisant, d’une manière sensible, la gravité des incendies.

En Allemagne, l’emploi du réseau télégraphique avertisseur d’incendies a permis de réduire dans une grande proportion le nombre d’incendies graves[1].

À Hambourg, il y a deux stations centrales, l’une pour l’incendie, l’autre pour la police. Chaque station centrale est reliée par un fil télégraphique aux faubourgs de la ville ; de sorte que les postes de police et d’incendie sont avisés immédiatement du lieu où le feu s’est déclaré. On voit, en outre, dans les rues principales, les boutons avertisseurs, dont il est parlé plus haut. Ils sont, comme en Amérique et à Paris, placés sous une boîte en verre, que l’on brise, pour avertir de l’existence du feu. On compte à Hambourg 40 boutons avertisseurs sous verre, et 47 stations télégraphiques, recevant l’appel des avertisseurs. Les lignes télégraphiques qui constituent ce réseau particulier sont en partie souterraines et en partie aériennes.

À Francfort, le télégraphe d’incendie est d’un autre type. C’est un circuit de télégraphie électrique rayonnant, et muni de divers embranchements. On compte huit circuits principaux et trente-huit circuits de ramification. Les premiers servent à relier les stations pourvues de boutons avertisseurs ; les autres correspondent à des stations munies seulement de signaux d’alerte. Il y a, en tout, vingt-cinq stations pourvues de l’appareil Morse, et cinquante boutons avertisseurs automatiques. Les boutons avertisseurs aboutissent à de simples sonneries placées dans les bureaux des chefs de brigade et dans les postes de police.

Toutes les lignes qui relient le poste central aux appareils Morse et aux boutons avertisseurs ont, à Francfort, un développement de 3 035 mètres.

Le conducteur est un câble enfoui sous terre. Outre les lignes souterraines, il y a 1 782 mètres de lignes aériennes.

À Amsterdam, comme à Francfort, le réseau est circulaire. On a divisé la ville en trois grands cercles, avec une station centrale, qui communique avec les bureaux des trois régions auxiliaires. Ces cercles comprennent des brigades d’incendie et des postes de police, et les stations sont reliées de telle sorte que les postes de police sont placés dans une moitié, et les brigades d’incendie dans l’autre moitié des cercles. Par suite de cet arrangement, les deux séries de stations peuvent être divisées et communiquer séparément avec leur bureau central propre.

Outre ces trois cercles de la ville, il y a un cercle suburbain formé de fils aériens, tandis que les cercles principaux sont reliés par des lignes souterraines. Sur les bords des canaux une forte sonnerie à déclenchement avertit, en cas d’incendie, les stations de bateaux.

À la station centrale se trouve un inducteur magnétique, qui peut déclencher les sonneries d’alarme de toutes les stations. Des sonneries particulières et convenues permettent à la station centrale d’appeler une station séparément, ou toutes les stations ensemble. Le mécanisme de la cloche d’alarme est mis en mouvement par un poids, et le courant n’a qu’à opérer un seul déclenchement, comme dans le système d’avertissement sur les chemins de fer à une seule voie.

Application de la télégraphie électrique aux opérations militaires. — C’est en 1857, à l’époque de la conquête de la grande Kabylie, que la télégraphie électrique militaire fut employée pour la première fois, dans les armées françaises.

Le maréchal Randon fit organiser ce ser-

  1. On appelle incendies graves, en Amérique et en Allemagne, celui qui exige, pour l’attaquer, l’emploi de plus de deux pompes.