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C’est par une modification dans la composition des bains employés autrefois, et par une série d’ingénieuses observations pratiques, qu’on en est arrivé à supprimer le tour de main, qui était toujours, comme jadis en photographie, le facteur le plus important, quoique le plus difficile à connaître.

C’est M. Bourbouze, le savant constructeur d’appareils de physique, préparateur des cours de physique à la Sorbonne et à l’École de pharmacie de Paris, qui a contribué, pour la plus large part, aux progrès réalisés par la galvanoplastie, dans ces dernières années. C’est à lui que l’on doit d’avoir découvert comment se comporte dans un bain galvanique la surface d’un corps à métalliser. M. Bourbouze nous a appris que sans toucher au métal que l’on veut recouvrir d’un autre métal plus précieux, il est possible d’obtenir, ad libitum, un dépôt adhérent ou non adhérent.

Si l’on veut, par exemple, reproduire directement une planche de cuivre, et s’assurer d’une facile séparation ultérieure, il suffit de plonger la planche dans le bain avant d’établir le courant.

La légère couche d’oxyde qui se produit presque instantanément, avant que commence le dépôt, suffit à produire la non-adhérence.

Pour avoir, au contraire, un dépôt adhérent, comme celui d’argent sur des couverts de laiton, il suffit d’établir le courant, en même temps que l’objet est plongé dans le bain ; c’est-à-dire en ayant la précaution d’attacher d’avance le conducteur à la pièce à argenter.

Cette simple remarque est d’une importance fondamentale en pratique ; elle donne, en effet, le moyen le plus commode de manœuvrer à sa guise le métal dissous.

L’idée si ingénieuse de M. Bourbouze méritait d’être citée comme un des plus heureux perfectionnements que la galvanoplastie ait reçu dans ces dernières années.

Un autre perfectionnement à signaler dans ce Supplément, c’est le moulage des pièces à terre perdue.

On sait que les moules employés en galvanoplastie sont ordinairement en stéarine ou en plâtre, en gélatine ou en gutta-percha, matière très propice à ce genre d’opération, parce qu’elle est inattaquable par les acides, et, pour ainsi dire, inaltérable.

Jusqu’ici, les moules en gutta-percha ne s’obtenaient que de deux manières : soit par la pression mécanique, au moyen d’un levier ou d’une presse à vis, soit par pression manuelle. Aujourd’hui, et suivant un procédé nouveau dû à M. Pellecat, conseiller à la Cour d’appel de Rouen, on se sert, pour le moulage des objets, non plus de gutta-percha ramollie dans l’eau chaude, à la température de + 60 à + 70°, mais de gutta fondue, que l’on coule sur le modèle, et qui en reproduit très exactement les plus petits détails.

Encouragé par les résultats qu’il avait obtenus avec la gutta liquide, M. Pellecat se demanda si l’on ne pourrait pas faire directement, sur le modèle en terre du sculpteur, ce qui avait si bien réussi sur le plâtre et sur le métal. Pour s’en convaincre, il fit exécuter par un jeune artiste un bouquet de fleurs très fouillées, présentant à dessein, des reliefs saillants et des creux profonds. Il coula sur ce bouquet de la gutta-percha liquide, et quand celle-ci fut bien refroidie il plongea son moule dans l’eau. La terre se détrempa peu à peu, et après l’avoir enlevée, il eut la satisfaction de voir qu’on pouvait, en opérant ainsi, supprimer les moulages successifs de plâtre et de gutta, qu’on était jusqu’alors obligé de faire pour obtenir le dépôt galvanoplastique.


Le procédé de moulage, dit à cire perdue, consiste en ce que l’artiste façonne lui-même le modèle en cire, matière très duc-