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Aidé d’un ingénieur de grand mérite, M. Chrétien, il effectua un labourage en transportant jusqu’au champ à labourer la force de la machine à vapeur de son usine. Par le même moyen MM. Félix et Chrétien mirent en mouvement les grues qui servaient à décharger les bateaux, qui amenaient les betteraves à la sucrerie de Sermaize.

À Paris, M. Arbey fit usage du transport de la force pour mouvoir des scies rotatives servant à diviser le bois en planches.

Des concasseurs de pierres, dans des carrières, et un marteau-pilon, dans une usine, furent actionnés grâce au même moyen, par un autre industriel, M. Piat.

Dans le midi de la France, pour produire la submersion des vignes, M. Dumont, ingénieur, manœuvra des pompes à eau, à distance, au moyen d’une machine à vapeur fixe et d’un courant électrique allant aux pompes.

À partir de 1881, dans un grand nombre d’usines ou de chantiers de construction, le transport de la force par l’électricité fut mis en pratique.

À la fonderie de Rueil, on commanda électriquement à distance, des machines-outils, des perceuses, etc.

Nous avons vu, en 1885, à l’usine de M. Farcot, à Saint-Ouen, une grue mise en action à distance par un fil conducteur, qui lui envoie la force d’une machine à vapeur faisant tourner une machine Gramme.

Dans les magasins de la Belle Jardinière, à Paris, on fait passer par un fil la force de la machine à vapeur, qui est dans les caves, jusqu’au quatrième et au cinquième étage, pour faire mouvoir des machines à coudre, des scies à rubans, etc.

Aux magasins du Louvre, un fil passant par-dessus la rue Saint-Honoré, envoie de la force empruntée au moteur, placé dans les caves, jusque dans la rue de Valois, à 150 mètres de distance.

Dans les mines, certains appareils sont commandés par un fil conducteur qui transporte la force d’une machine à vapeur placée près des puits d’extraction.

Dans les pays de montagne, abondants en cours d’eau, la force de ces cours d’eau, recueillie par une machine Gramme, est envoyée à une deuxième machine, pour fournir de l’électricité, qui sert à produire l’éclairage.

On voit à Saint-Moritz, dans le canton des Grisons, un foyer de lumière électrique alimenté par la chute d’un torrent.

Aujourd’hui, dans toutes les expositions industrielles renfermant une galerie de machines, la plupart des machines fonctionnent sans moteur visible, parce que la force leur est envoyée, à distance, par une machine à vapeur installée à l’extérieur. Nous avons parlé avec détails, dans le Supplément à la machine à vapeur, des ventilateurs Geneste et Herscher, qui produisent la ventilation dans les salles de l’Hôtel de Ville de Paris, et de l’École centrale, par transmission électrique [1].


Nous n’en finirions pas si nous voulions énumérer les applications déjà réalisées du transport de la force par un fil électrique, grâce aux machines dynamo-électriques conjuguées. Nous ne pouvons cependant nous dispenser de signaler les essais qui ont été faits pour l’application du moteur électrique au transport des voyageurs sur les chemins de fer.

C’est à un constructeur allemand, Werner Siemens de Berlin, (mort en 1886), qu’est due la première application du transport électrique de la force, pour traîner les convois sur les voies ferrées. Werner Siemens réalisa, pour la première fois, à l’Exposition d’électricité de Paris, en 1881, la traction des convois sur les chemins de fer par l’électricité.

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