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fitant d’une première tentative du physicien français Archereau, créa la pile à deux liquides (acides azotique et sulfurique) connue aujourd’hui sous le nom de pile de Bunsen.

Nous n’avons pas à reproduire ce que nous avons dit, dans les Merveilles de la science, sur la manière de monter et de faire agir la pile de Bunsen, dont nous avons donné la description et les dessins, avec tous les détails nécessaires. Nous n’avons à nous occuper que des travaux faits pour perfectionner cette pile, ou pour obtenir des résultats du même genre.


Quelques électriciens remplacent l’acide azotique des piles de Bunsen, par un mélange d’acides azotique et sulfurique. M. Leroux, qui a étudié cette question, dit qu’on peut économiser très notablement la dépense d’acide azotique, en lui substituant de l’acide sulfurique concentré, auquel on a ajouté un ou deux vingtièmes d’acide azotique. L’acide sulfurique agit comme déshydratant, et amène l’acide azotique à un état dans lequel sa décomposition est plus facile que lorsqu’il se trouve en présence d’une grande quantité d’eau. L’acide sulfurique pouvant déshydrater, d’une manière convenable, son volume environ d’acide azotique du commerce, qu’on y ajoute successivement, on peut, avec son aide, utiliser presque complètement une quantité donnée d’acide azotique, laquelle employée seule, à la manière ordinaire, devrait être rejetée longtemps avant d’être épuisée.


La pile Tommasi, à laquelle on a donné le nom de pile universelle, se compose, comme l’élément Bunsen, d’un vase poreux, verni dans sa partie inférieure, et d’une lame de charbon fixée à un couvercle qui ferme hermétiquement le vase. Cette électrode descend à la moitié environ du vase poreux. En face est suspendue une tige en aluminium, qui traverse le couvercle, et supporte un demi-cylindre en porcelaine plongeant, avec le charbon, dans un vase poreux. Celui-ci est placé dans un récipient muni d’un tube. En face de la partie vernissée du vase poreux, le vase extérieur porte une rentrée, à la partie supérieure de laquelle se trouve un cylindre de zinc, pourvu d’une rainure, que l’on remplit de mercure.

Tous les vases extérieurs d’une batterie sont mis en communication, au moyen de tuyaux qui servent à les vider et à les remplir, avec une grande cuve renfermant de l’acide sulfurique. Lorsqu’on veut charger la batterie, on commence par verser la quantité voulue d’acide azotique dans les vases poreux ; puis, ouvrant le robinet de la cuve, on remplit successivement tous les vases extérieurs, et finalement, on plonge les cylindres de porcelaine dans les vases poreux : la pile entre alors en action.

L’avantage de cette pile réside surtout dans la facilité avec laquelle on peut renouveler l’eau acidulée où plonge le zinc. Toutefois, la manipulation des acides, les propriétés toxiques des gaz provenant de la réaction, et la grande quantité de substances à mettre en œuvre, ont fait renoncer à cet appareil.


Au lieu de dépolariser le zinc en détruisant le gaz hydrogène, cause de la polarisation, par des acides concentrés, on a fait usage d’un mélange dépolarisant, c’est-à-dire dont la réaction produise, soit de l’oxygène, soit du chlore.

La première pile de ce genre fut imaginée par Poggendorff. Le conducteur était dépolarisé par un mélange d’acide sulfurique et de bichromate de potasse. Seulement, l’oxyde vert de chrome, provenant de la réaction de l’acide chromique, étant insoluble, se déposait sur l’électrode, et arrêtait l’action chimique. Cette pile fut perfectionnée, en 1856, par M. Grenet.

Après avoir établi, au sein du liquide excitateur, un système de ventilation, pour