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C’est ce dernier système que M. Grenet a préconisé, sous le nom de « paratonnerre pour tous » et qui a été employé à peu de choses près, en 1887, à Greenoch (Angleterre), dans le nouvel Hôtel de ville, d’après les instructions du professeur Jamies.

L’installation du paratonnerre de M. Grenet comprend, en effet, des conducteurs en ruban de cuivre rouge, de 23 à 30 millimètres de largeur, sur 2 ou 3 millimètres d’épaisseur ; une série de petites pointes de même métal, placées sur les points élevés des bâtiments ; des bandes horizontales en cuivre reliées aux conducteurs principaux ; enfin une communication avec la terre établie à la fois par les canalisations métalliques souterraines de l’eau et du gaz, et par des plaques de cuivre rouge entourées d’une couche de coke et enfoncées dans le sol humide.

Le système de M. Grenet, qui est le plus simple et le plus économique, possède, en outre, l’avantage d’offrir la plus grande protection possible. Il n’étend pas son influence au delà du bâtiment sur lequel il est placé, et garantit cependant celui-ci d’une manière complète.

Dans les Instructions de l’Académie des sciences de Paris de 1867, et dans celles de la Commission municipale de Paris, en 1875, on préconise toujours les hautes tiges, parce qu’on leur accorde une sphère de protection proportionnelle à leur hauteur. L’expérience a cependant démenti bien des fois cette règle, et dans de nombreux orages, on a constaté que des tiges de paratonnerre n’ont pu protéger un espace d’un rayon égal à leur simple hauteur. Le fait s’est présenté notamment à la cathédrale de Bayeux. Cet édifice, de plus de 100 mètres de longueur, sur 40 mètres de largeur, est muni d’anciens paratonnerres, armés de neuf tiges, dont une est placée au sommet de la coupole, à une hauteur de plus de 85 mètres au-dessus du sol, et deux autres sur des tours à des hauteurs de 75 mètres. Malgré ces conditions, l’édifice a été incapable de protéger, à 40 mètres de distance, de petites constructions, qui ont été foudroyées à plusieurs reprises, et il a subi lui-même des décharges latérales, à une hauteur de 20 à 25 mètres au-dessus du sol.

Le paratonnerre à petites et nombreuses pointes en cuivre rouge placées au-dessus des faîtages, et reliées, par des rubans de même métal, à toutes les parties métalliques du bâtiment, ainsi qu’à la terre, se recommande donc par la sûreté de ses effets, si la communication à la terre est établie d’une part avec une plaque de cuivre rouge installée dans de bonnes conditions, et d’autre part, avec les canalisations souterraines de l’eau et du gaz.

Le paratonnerre pour tous de M. Grenet a été l’objet, en 1888, d’un rapport approbatif à la Société d’encouragement. Le rapporteur, M. Henri Becquerel, s’exprimait ainsi, à propos des installations de paratonnerre faites depuis plusieurs années, sous la direction de M. Grenet, par M. Mildé fils, constructeur à Paris :


« Ces installations, dit M. Henry Becquerel, méritent d’attirer l’attention de la Société, autant par les résultats obtenus que par les soins apportés pour satisfaire aux conditions d’établissement qui jusqu’ici ont été reconnues les meilleures pour les protections contre les dégâts de la foudre. Sur plus de cent installations existantes depuis plusieurs années en France ou à l’étranger, M. Grenet n’a encore reçu aucun avis d’insuffisance de protection, des réclamations se fussent certainement produites en cas d’accidents, car, dans un excès de confiance, M. Grenet garantit l’efficacité de ses paratonnerres.

Le point caractéristique du système de protection employé par M. Grenet est la substitution de rubans de cuivre rouge aux conducteurs en barres de fer réglementaires.

En France, malgré les avantages que donne la bonne conductibilité du cuivre, en permettant de réduire considérablement le poids des conducteurs, on avait le plus souvent préféré l’emploi du fer, comme devant moins tenter la cupidité des malfaiteurs. Les conducteurs en cuivre de M. Grenet paraissent convenablement protégés contre la détérioration due à la malveillance.