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Cette organisation, si minutieuse et si compliquée, échappe à l’œil du visiteur. On peut la comparer au réseau artériel et au réseau veineux du corps humain, le premier représentant l’arrivée de l’air pur, le second l’appel de l’air vicié : le tout caché dans la profondeur de nos organes et inaccessible aux regards.

Mais nous, curieux par nature et par profession, nous avons pris une connaissance exacte de cet intéressant ensemble, et si chacun de nos lecteurs veut suivre notre exemple, l’usine souterraine de l’Hôtel de ville n’aura plus de mystères pour lui.

Si donc le lecteur veut bien, ainsi que nous l’avons fait, demander au secrétariat des travaux publics de l’Hôtel de ville, situé au deuxième étage, une carte-permission pour visiter les caves renfermant les salles des machines et chaudières, il aura la satisfaction de connaître un des plus curieux établissements mécaniques de la capitale.

Avec la carte délivrée au secrétariat, et sous la conduite d’un employé de la ville, en casquette et livrée bleues, traversons la deuxième cour, et prenons, à droite, un petit escalier, à marches de pierre qui, bien qu’étroit et tournant, est parfaitement praticable, et nous arriverons à la grande salle que représente très exactement la figure 18. Comme on le voit, c’est une longue pièce voûtée, qui ne ressemble guère aux chantiers ordinaires de l’industrie mécaniques, noirs, enfumés et boueux, car elle est aussi bien tenue qu’un salon, et de larges baies latérales y projettent un très beau jour.

Comme le représente notre dessin, il y a deux groupes de cinq chaudières chacun, ayant un réservoir de vapeur commun, d’où la vapeur s’échappe, pour aller remplir, en plusieurs directions, ses différents offices.

Les chaudières portant les numéros 1, 2, 3, 8, 9 et 10, servent à produire la vapeur qui chauffe les galeries, salons, bureaux, etc., de l’Hôtel de ville. C’est, en effet, comme nous l’avons dit, un courant de vapeur d’eau qui est l’unique moyen de chauffage de ce vaste édifice.

L’eau de condensation de la vapeur, qui a parcouru les nombreux tuyaux servant au chauffage, descend par un conduit commun dans un réservoir, dont on peut voir une partie sur notre dessin, près de la porte d’entrée, au fond de la salle. Cette eau encore chaude, reprise par une pompe, retourne aux chaudières.

La vapeur fournie par les chaudières numéros 4 et 7 sert : 1o à actionner les petites machines à vapeur qui font agir les pompes destinées à refouler l’eau de la ville dans les mêmes chaudières ; 2o à actionner les machines à vapeur qui produisent la ventilation des différentes salles et galeries de l’Hôtel de ville.

Arrêtons-nous sur cette dernière partie de l’installation mécanique qui nous occupe, car nous allons y trouver une particularité du plus grand intérêt scientifique.

Les ventilateurs disposés dans chaque salle, pièce ou galerie de l’Hôtel de ville, se composent d’ailettes portées sur un axe mobile, qui tourne par une transmission de la force à distance, produite par l’électricité. C’est une très curieuse application pratique du principe du transport électrique de la force.

On voit sur notre dessin et près des baies éclairantes le volant de deux machines à vapeur, du système compound, de la force de 7 à 8 chevaux-vapeur, faisant tourner une machine dynamo-électrique Gramme, qui produit un courant électrique. Un fil isolé recueille ce courant, et en se ramifiant, il va distribuer l’électricité aux petits appareils dynamo-électriques qui font corps avec les ventilateurs.

Chaque ventilateur proprement dit est, en effet, une petite machine dynamo-électrique réceptrice, animée, grâce à un fil conducteur, par la machine productrice placée