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Le bac à vapeur conçu par Dupuy de Lôme, pour transporter les trains entiers de chemins de fer, n’a pas été exécuté. Mais les Américains ont repris cette idée, et le journal La Nature a publié, en 1881, la description d’un floating-railway, appartenant à la Compagnie du Great Central Pacific, qui transporte des trains de chemin de fer à l’embouchure du Sacramento, dans la baie de Carquinez, en Californie.

Le Solano (c’est le nom du bac à vapeur) mesure 129 mètres de long, 35 mètres de large, avec un tirant d’eau, en charge, de 2 mètres, et un tonnage de 3 000 tonneaux. Il a deux roues à aubes, de 9 mètres de diamètre, indépendantes l’une de l’autre, pour la facilité et la rapidité des manœuvres. Sur le pont sont encastrées quatre voies de chemin de fer, pouvant recevoir quarante-huit wagons de marchandises, ou vingt-quatre voitures de voyageurs. De vastes plates-formes, mues par des machines hydrauliques, mettent en communication la voie du bateau et la voie terrestre. Le train glisse de la rive sur ce bateau, et réciproquement.

Un autre ferry-boat très curieux a été construit à Melbourne (Australie), en 1884.

Le cours de la Java formait un obstacle gênant pour les relations d’un quartier de la ville à l’autre ; car la largeur de la rivière devient très considérable à la traversée de la ville. Le pont de Falls, le seul qu’on eût osé construire, est très éloigné, et on ne pouvait pas y avoir recours sans un détour, qu’il s’agissait d’éviter. En raison de ces circonstances, la ville décida la construction d’un bac à vapeur spécial.

Malgré ses grandes dimensions, le ferry-boat de Melbourne n’est pas destiné à porter des trains de chemins de fer, mais simplement des charrettes pleines de marchandises, ainsi que les nombreux voyageurs qui vont d’une rive à l’autre.

Pour assurer l’embarquement facile des voyageurs et des bagages, le bateau a la forme carrée. Il est muni, sur les deux côtés, de trois ponts volants, qui permettent de le rattacher aux deux quais des deux rives du fleuve. Ces trois ponts sont assez larges pour recevoir de grosses voitures, et les attelages y viennent avec la même sécurité que sur la terre ferme. La machine motrice est assez puissante pour entraîner le bac avec sécurité, quelle que soit la charge remorquée, et la traversée ne dure que quelques minutes.




CHAPITRE XIII

les bateaux de plaisance à vapeur. — historique de la navigation de plaisance. — classification des différents types de yachts à vapeur. — construction des yachts à vapeur. — description de quelques-uns des plus remarquables.

La navigation de plaisance n’est pas chose nouvelle, tant s’en faut. Ce passe-temps était fort en honneur dans l’antiquité. Les galères de Denys de Syracuse, de Caligula, de Cléopâtre, d’Hiéron, étaient bien des bateaux de plaisance. Il en était de même du gigantesque vaisseau de Ptolémée Philopator.

La galère qui conduisit Mahomet II à la conquête de Constantinople n’était qu’un navire de plaisance, que l’on avait seulement armé pour la guerre.

Le Bucentaure, la superbe galère du bord de laquelle les doges de Venise procédaient à la cérémonie du mariage avec l’Adriatique, était un magnifique navire de luxe et de plaisir. Les nombreuses descriptions que l’on en possède en sont la preuve.

La Réale, la splendide galère de Louis XIV, n’était aussi, malgré ses canons, qu’un navire de plaisance.

Tous ces navires, célèbres dans l’histoire des peuples modernes, se distinguaient par le luxe inouï de leur décoration. Aujour-