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tants des environs, qui la font brûler dans des plats de fer peu profonds, et remplis de sable imprégné d’huile.

À 4 kilomètres de ces sources de pétrole, est un lieu nommé Ateschjah (la Demeure du feu), qui présente le plus curieux exemple connu d’effluves gazeux inflammables. À mesure qu’on approche de ce lieu, on sent une odeur sulfureuse, qui se répand dans un rayon d’un demi-kilomètre. Au centre de cet espace, quand le temps est sec, on voit s’élever une longue flamme, d’un blanc bleuâtre, dont l’intensité s’accroît à l’approche de la nuit.

Au pied d’une colline voisine, se trouve une source d’huile de pétrole, qui s’enflamme très-facilement et brûle même sur l’eau.

En été, lorsque l’atmosphère est échauffée par le vent du sud, qui règne presque continuellement sur ces rivages pendant la saison chaude, la quantité de gaz résultant du voisinage des sources d’huile volatile est considérable, et leur inflammation accidentelle produit de magnifiques phénomènes.

Aux jours de réjouissance publique, et par un temps calme, les gens du pays versent quelques tonneaux de cette huile dans une petite baie de la mer Caspienne, et vers le soir, ils y mettent le feu. Le faible balancement des vagues n’éteint pas cette flamme, qui s’étend peu à peu à perte de vue, ce qui donne bientôt le spectacle étonnant d’une mer couverte de feux (figure 59, page 97).

Les traditions du pays font remonter à plusieurs millions d’années ce feu, qui a ses adorateurs et ses prêtres, nommés Guèbres, ou prêtres du feu sacré.

Ce feu sacré n’est autre chose que la vapeur de l’huile de pétrole mélangée d’une proportion plus ou moins considérable d’hydrogène bicarboné. Cette vapeur sort de terre lorsqu’on y pratique un trou, et elle s’allume alors de la même manière que notre gaz d’éclairage.

À quelque distance de ce curieux foyer naturel, c’est-à-dire près Ateschjah, des Indiens adorateurs du feu se sont construit de petites maisons de pierre. Le terrain sur lequel reposent les murs de ces maisons, est recouvert d’un lit d’argile, de l’épaisseur de 0m, 50, afin que la vapeur ne puisse percer cette couche ; mais des ouvertures, bouchées par un tampon, sont laissées çà et là. Lorsqu’un des habitants a besoin de feu pour sa cuisine, ou de lumière, le soir, il enlève un de ces tampons, et présente une allumette enflammée à l’ouverture ; aussitôt la vapeur s’allume. Quelle que soit la largeur de l’ouverture, la flamme a le même diamètre que cette ouverture, mais sa hauteur et son intensité augmentent à mesure qu’elle est plus resserrée.

La nuit, pour obtenir une lumière qui soit à la hauteur des objets que l’on veut éclairer, on enfonce, dans de petits trous faits dans le sol, des roseaux, dont l’intérieur a été barbouillé d’eau de chaux. On obtient, par ce moyen, à telle place qu’on le veut, une sorte de bec de gaz, qui donne une flamme de 0m, 15 à 0m, 16, de hauteur, avec une lumière très-vive et toujours égale.

Les tisserands qui habitent ces contrées, éclairent de cette manière les deux côtés de leurs métiers, et ils n’éprouvent aucun embarras pour entretenir et renouveler leur lumière, qui ne leur coûte aucuns frais. Tout autre feu leur est inutile, car la chaleur du gaz naturel est si grande, qu’elle les force à tenir les croisées et la porte ouverte.

Les habitants d’Ateschjah emploient ce gaz non-seulement aux usages domestiques, mais encore à chauffer les fours à chaux, et à consumer les corps de leurs parents, après leur mort.

Fait bien curieux ! Les Persans de la secte des adorateurs du feu font commerce de ce gaz inflammable. Ils le recueillent dans des bouteilles, et l’expédient dans des provinces éloignées de la Perse, Le contenu de