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reux. Le potassium et le sodium, radicaux métalliques de la potasse et de la soude, sont, de tous les métaux, ceux qui présentent les plus énergiques affinités chimiques. On pouvait donc espérer qu’en soumettant à l’action du potassium ou du sodium l’un des composés terreux qu’il s’agissait de réduire, le potassium détruirait cette combinaison, et rendrait libre le métal nouveau que l’on cherchait à isoler.

Fig. 435. — M. Wöhler.

L’expérience justifia cette prévision. Pour obtenir l’aluminium métallique, M. Wöhler s’adressa au composé qui résulte de l’union de ce métal avec le chlore, c’est-à-dire au chlorure d’aluminium. Au fond d’un creuset de porcelaine il mit quelques fragments de potassium, et par-dessus, un volume à peu près égal de chlorure d’aluminium. Le creuset fut placé sur une lampe à esprit-de-vin à double courant d’air, pour favoriser la réaction par l’intervention de la chaleur rouge.

Placé dans ces conditions, le chlorure d’aluminium fut entièrement décomposé ; par suite de son affinité supérieure, le potassium, chassant l’aluminium de sa combinaison avec le chlore, s’empara de ce dernier corps, pour produire du chlorure de potassium, pendant que l’aluminium demeurait libre à l’état métallique. Comme le chlorure de potassium est un sel soluble dans l’eau, il suffisait pour le dissoudre de plonger dans l’eau le creuset ; l’aluminium apparut alors à l’état de liberté.

Le métal ainsi isolé constituait une poussière grise, susceptible de prendre par le frottement l’éclat métallique ; mais, selon M. Wöhler, cette substance ne pouvait entrer en fusion, même à la température la plus élevée, et elle était éminemment oxydable.

L’aluminium ne fut point le seul métal isolé par ce procédé. Par l’emploi des mêmes moyens, M. Wöhler obtint le glycium et l’yttrium.

Peu de temps après, un de nos savants chimistes, M. Bussy, professeur à l’École de pharmacie de Paris, décomposa par le même procédé la magnésie, et en retira son radical métallique, le magnésium.

Si l’on place dans un creuset un mélange de chlorure de magnésium et de sodium, et qu’on chauffe ce mélange au rouge pendant un quart d’heure, on trouve au bout de ce temps, dans le creuset, du chlorure de sodium et du magnésium. M. Bussy étudia et fit connaître les propriétés particulières du métal extrait des sels magnésiens.

Les divers corps isolés de cette manière présentaient d’ailleurs des propriétés entièrement analogues à celles que l’on attribuait à l’aluminium. C’étaient toujours des poudres noires ou grises, n’offrant qu’à un faible degré, on le croyait du moins, les caractères qui distinguent les métaux. Infusibles, très-altérables par l’influence de l’air ou des agents chimiques, très-oxydables, ils semblaient, à ce titre, condamnés à vieillir obscurément dans le cadre de la théorie, sans jamais recevoir la moindre application dans la pratique.

Dans les sciences d’observations les mé-