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dans le même but, la force mécanique résidant dans l’air comprimé. Tout le long du faubourg Saint-Antoine, à Paris, par exemple, on aurait établi un long canal métallique rempli d’air comprimé. Des prises faites, au moyen d’un tuyau, sur le conduit principal, auraient introduit chez chaque fabricant, et aux divers étages de chaque maison, un certain volume d’air comprimé, représentant la quantité de force réclamée pour le travail à accomplir. Ce projet était séduisant, mais on a reculé devant la difficulté d’une canalisation spéciale et pleine de difficulté, car l’air comprimé tendrait à fuir par les plus faibles disjonctions des tuyaux de conduite. Il a encore été question, dans les grandes villes où le mode de distribution des eaux potables permet de les élever au plus haut des maisons, de consacrer la pression de ces colonnes d’eau à créer de petites forces, que l’on mettrait à la disposition des ateliers. Mais ici encore il s’agirait d’une canalisation particulière, assez difficile d’ailleurs, car, en raison de la différence des niveaux, on ne pourrait alimenter tous les lieux sous une même pression.

Ce défaut de canalisation, qui a empêché l’exécution des projets intéressants que nous venons de rappeler, ne peut plus arrêter dès qu’il s’agit du moteur à gaz. Cette canalisation, qui était un empêchement décisif quand il s’agissait de l’air comprimé ou de la pression de l’eau, est toute faite grâce à l’immense et multiple réseau qui, sous le pavé des rues, distribue le gaz dans tous les points et à toutes les hauteurs des villes.

Il est donc certain, grâce à la canalisation qui est depuis longtemps établie dans l’intérieur des villes pour le transport du gaz, que le problème de la distribution de la force à domicile a été résolu par la machine Lenoir. Toutes les industries qui, à Paris ou dans les grandes villes, se trouveraient bien de remplacer par un petit moteur le travail manuel, de substituer aux quatre ou cinq ouvriers servant de manœuvres, une force mécanique ; — tous les établissements qui ont besoin d’un moteur d’une certaine puissance, mais qui ne l’emploient que pendant un court intervalle ou à certains moments déterminés, et qui ne peuvent dès lors recourir à l’office trop dispendieux de la vapeur ; — enfin beaucoup d’industries spéciales qui n’ont point aujourd’hui recours aux machines à vapeur, en raison des prescriptions sévères auxquelles les règlements d’administration soumettent ces appareils ; — dans tous ces cas, le moteur à gaz aura son application toute trouvée.

Fig. 434. — M. Lenoir.

À l’apparition de la machine Lenoir, on conçut tout de suite une très-haute idée de ce moteur nouveau, et on parlait de faire un moteur universel, applicable immédiatement aux chemins de fer, aux locomobiles, voire même à la navigation aé-