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dans le blanc de la flamme. Mis, de cette manière, en contact avec l’air extérieur, le charbon qui provient de la mèche, y brûle, et se trouve bientôt réduit en cendres, ce qui dispense de moucher la bougie.

Nous ferons remarquer, en passant, que cet ingénieux artifice n’aurait pu s’appliquer à la chandelle. Si l’on eut courbé la mèche de côté, pour la faire consumer hors de la flamme, l’extrême fusibilité du suif aurait eu pour résultat de faire fondre une telle quantité de corps gras, qu’il en serait résulté un coulage considérable de la chandelle.

En tout cela, le fait essentiel, c’est, on le voit, d’avoir transformé le suif en une matière sèche et peu fusible. Faire connaître l’invention de la bougie stéarique, c’est donc exposer les moyens à l’aide desquels on a pu atteindre ce dernier résultat. Il sera nécessaire de commencer cet exposé par quelques considérations chimiques ; on comprendra sans peine ensuite les procédés de fabrication que met en œuvre l’industrie qui va nous occuper.

Tous les corps gras sans exception, ceux qui proviennent d’origine végétale comme ceux qui sont fournis par les animaux, sont toujours constitués par le mélange de deux substances, dont l’une est solide et l’autre liquide. La prédominance du produit solide ou de la matière liquide, dans ce mélange naturel, détermine l’état physique particulier du corps gras, et c’est à la variation de ces deux principes qu’est due la différence de consistance, ou d’état physique, que nous présentent les huiles, les beurres et les suifs, les premiers étant toujours liquides, les seconds demi-fluides et les derniers affectant la forme solide.

Fig. 48. — Braconnot.

Un savant auquel la chimie est redevable de beaucoup d’idées originales et de découvertes utiles, Braconnot, mort, en 1854, à Nancy, sa ville natale, a le premier saisi et mis en évidence ce grand fait scientifique. Pour en démontrer la réalité, Braconnot fit l’expérience suivante, qui porte avec elle ses conclusions. À l’aide d’une forte presse, il comprima, entre des doubles de papier joseph, de la graisse de mouton, et il parvint, par cette simple opération mécanique, à séparer ce corps gras en deux produits : l’un, constamment liquide à la température ordinaire, l’autre toujours solide. En soumettant à une opération semblable de l’huile d’olive, préalablement solidifiée par l’action du froid, on arrive au même résultat, et l’on peut partager cette huile en deux corps gras, dont l’un est toujours liquide et l’autre toujours solide à la température ordinaire.

Le produit liquide, qui fait partie de la plupart des corps gras, a reçu des chimistes le nom d’oléine, le corps solide celui de stéarine. Un autre produit solide, qui joue le même rôle que la stéarine, et qui l’accompagne dans beaucoup de corps gras naturels, porte le nom de margarine. Avant que ces dénominations fussent connues, Braconnot avait appelé la partie solide