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disque fixe D partent deux fils arrivant, en f, f, à deux boutons vissés sur chaque fond du cylindre B, et dépassant un peu dans l’intérieur. Ces boutons, f, nommés inflammateurs, reçoivent le courant de l’un des pôles de la pile, tandis que la machine elle-même reçoit le courant de l’autre pôle.

Voici maintenant ce qui se passe : la machine étant au repos, comme le suppose notre dessin, on fait passer le courant de la bobine en amenant l’aiguille du commutateur F sur la touche t. Le courant passe alors dans tout l’ensemble de l’appareil sans déterminer l’étincelle. On fait faire un demi-tour au volant en le tournant à la main, et la touche t, mise en mouvement, rencontre l’un des vides e du distributeur, ce qui interrompt momentanément le courant ; puis, retrouvant le rebord sur lequel elle frotte, elle envoie aussitôt ce courant à l’un des inflammateurs f, par des fils partant du disque, soit en avant, soit en arrière du piston, suivant qu’elle rencontre les vides du bas ou du haut du disque distributeur.

On conçoit aisément ce qui arrive alors dans l’intérieur du cylindre B. Comme l’une des électricités, neutre par exemple, circule dans la machine, tandis que la positive arrive par les boutons f, aussitôt que le piston s’approche de l’inflammateur auquel arrive celle-ci, il y a reformation du circuit, et une étincelle jaillit entre le bouton f et le piston. Cette étincelle enflamme le mélange de gaz et d’air qui est entré dans le cylindre, B, par le tiroir, A, qui distribue ce mélange en avant et en arrière du piston, absolument comme la vapeur dans une machine à vapeur.

Le gaz de l’éclairage, emprunté à la conduite de la rue, arrive par le tuyau G, muni d’un robinet qu’on ouvre avant de mettre la machine en mouvement.

Comme il se produit un très-grand échauffement dans le cylindre à chaque inflammation du gaz dont la dilatation doit repousser le piston, on a le soin de faire circuler un courant d’eau froide dans une double enveloppe, C, dont le cylindre est entouré.

Un excentrique, H, manœuvre le tiroir, A, de façon à régler l’introduction du gaz et de l’air dans des proportions convenables, et afin de correspondre à la production de l’étincelle. Enfin, le résultat de la combustion s’échappe à l’air libre après avoir chaque fois produit son effet mécanique sur le piston.

Il est important de faire remarquer qu’aucun mélange intime n’est préparé d’avance entre l’air et le gaz, de manière à constituer un mélange détonant dans le sens que les chimistes attachent à ce mot. On fait arriver dans le cylindre plein d’air, des veines de gaz, qui brûlent simultanément dès leur entrée dans le cylindre, en produisant une série de petites explosions successives, tellement multipliées et d’une si faible amplitude, que l’oreille ne peut les saisir. La force mécanique engendrée par cette combustion n’est donc pas instantanée, brutale pour ainsi dire ; c’est une série de petites impulsions qui s’ajoutent sans trop de secousses. Ce n’est pas sans doute l’action douce, graduelle et docile de la vapeur, mais ce n’est pas non plus l’action brusque et violente d’une force brisante, produite instantanément, comme celle qui résulterait de l’inflammation d’un amas de poudre.

Par suite de la chaleur que développe la combustion du gaz à l’intérieur du cylindre, les parois de ce cylindre finiraient par atteindre une température élevée qui altérerait le métal, gripperait et déformerait le cylindre et le piston. Pour éviter cet inconvénient, le cylindre est, comme nous l’avons dit, enveloppé d’un manchon de fonte C que l’on fait parcourir par un courant d’eau suffisant pour le refroidir. Dans les machines que l’on construit aujourd’hui, ce courant d’eau froide est fort ingénieusement disposé. Un réservoir d’assez médiocres dimensions dirige, au moyen d’un tube, l’eau froide dans le manchon entourant le cylindre ; l’eau échauffée,