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moins élevé que celui du grattage dans le bassin ; de sorte que pour la même somme dépensée annuellement, on peut entretenir la carène d’un navire dans un état de propreté constante, en renouvelant plus souvent le nettoyage. On bénéficie donc de toute l’économie réalisée ainsi sur la dépense de combustible.

Fig. 429. — Nettoyage de la carène d’un navire, en mer au moyen du scaphandre.

Le scaphandre Rouquayrol est également très-précieux pour dégager l’hélice qui peut être embarrassée dans de longues herbes, et pour exécuter dans la coque du navire, des réparations urgentes, qui exigeraient la rentrée au bassin, sans le secours de cet auxiliaire Une voie d’eau se déclare-t-elle : un homme descend immédiatement le long de la carène, et la bouche sur-le-champ. Pour repêcher une ancre et des chaînes perdues, le scaphandrier fonctionne encore utilement.

Nous emprunterons à un mémoire publié par M. Denayrouze sur le Nettoyage des carènes de navires en cours de campagne, quelques pages, qui montreront l’application pratique des principes que nous venons de faire connaître.

M. Denayrouze donne, en ces termes, le détail des opérations qu’il fit exécuter pour le nettoyage du garde-côte cuirassé le Taureau, ainsi que de la frégate l’Invincible. Les opérations, bien entendu, s’exécutèrent en mer, et sans que le navire dût rentrer au bassin de radoub, car c’est là l’intérêt de l’opération.

« Le garde-côte cuirassé le Taureau, dit M. Denayrouze, est un navire de 2 500 tonneaux de déplacement, à deux machines jumelles de 250 chevaux, faisant mouvoir deux hélices à deux branches.

« Le navire était sorti du bassin le 17 novembre 1865. Quatre mois après, le 15 mars 1866, on remarquait près de la flottaison, sur la partie immergée de la cuirasse, des herbes d’une longueur de 0m,15. Une première visite avec l’appareil fit reconnaître qu’il se formait, sur le cuivre, des végétations assez semblables à de petits bouquets de bruyères. Ces végétations étaient chargées d’un grand nombre de petites moules ; sur les formes du bâtiment se trouvaient un très-grand nombre de toutes petites coquilles de la grosseur d’une tête d’épingle. La cuirasse était couverte d’un limon vert, assez long et assez épais.

« Par ordre du vice-amiral préfet maritime à Toulon, j’entrepris, à titre d’essai, le nettoyage de la carène du Taureau.

« J’avais d’abord à former des plongeurs. Parmi l’équipage, un seul homme, dans les matelots que j’ai employés, savait se servir de l’appareil : les matelots-mécaniciens avaient plongé dans le scaphandre ; les matelots-canonniers, timoniers, n’avaient jamais plongé dans aucun appareil. Le travail a été interrompu plusieurs fois par les exigences du service. Le Taureau a fait trois sorties à, la mer pour des expériences de machine et un voyage à Saint-Tropez.

« La principale difficulté consistait pour moi dans le mode d’envoi des plongeurs sur tous les points de la carène. Elle a été très-heureusement et très-simplement résolue par le mode de fonctionnement de l’appareil, qui se prête d’une manière toute particulière à ce genre de travail.

« J’ai cintré le navire avec une échelle en corde, à barreaux en bois, semblable aux échelles de tangon. Cette échelle était roidie des deux côtés et marchait sur l’avant ou sur l’arrière, suivant les signaux du plongeur. Ce dernier emportait avec lui un barreau en fer tenu horizontal par une patte d’oie terminée par un crochet. Le plongeur se tenait debout ou assis sur ce marchepied.