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trouvait le plongeur de se coucher sur la poitrine, pour travailler, et la nécessité de le remonter fréquemment à la surface, pour qu’il pût absorber de l’air frais.

Après l’appareil de Lethbridge, il faut en citer plusieurs autres, qui avaient plutôt pour but de soutenir l’homme sur l’eau, que de lui ouvrir les profondeurs sous-marines. C’est dans cette catégorie qu’il faut ranger le scaphandre (du grec σϰάφος, bateau, ανήρ, ἀνδρός, homme), qui fut inventé vers 1769, par un Français, l’abbé de Lachapelle.

L’appareil de l’abbé de Lachapelle n’était, à proprement parler, qu’une ceinture de sauvetage. Il consistait en un gilet de coutil ou de toile, fait en gros chanvre doublé de liége, avec deux échancrures pour les bras. L’inventeur y voyait le moyen de soustraire à la mort beaucoup de victimes des naufrages, parce qu’il permettrait au premier venu de se soutenir sur l’eau, en y plongeant jusqu’aux aisselles.

L’abbé de Lachapelle avait trouvé une autre application assez singulière du scaphandre. Il proposait aux officiers du génie militaire, de le revêtir, pour aller reconnaître les places fortes entourées de fossés. Dans ce cas, le plastron de liége aurait servi, non-seulement comme engin de natation, mais encore comme moyen de défense, en amortissant les coups de sabre ou de fusil. Naïf abbé ! L’inventeur complétait cet équipage protecteur par un casque en liége recouvert de fer-blanc, dans lequel on déposait des munitions.

Là ne se bornaient pas les applications de cet appareil à mille fins. Dans l’ouvrage qu’il publia sur ce sujet, le Scaphandre, Lachapelle ajoute que son appareil peut également être utilisé « pour l’amusement de l’un et de l’autre sexe, pour la santé des hommes et des femmes, pour la chasse et la pêche, pour apprendre à nager tout seul, etc. »

C’était s’exagérer beaucoup la portée de son invention ; mais combien sont excusables les élans de l’imagination chez un homme de bien, qui ne se propose que d’être utile à ses semblables !

Certains auteurs ont voulu voir dans le plastron en liége de l’abbé de Lachapelle, et sa ceinture de sauvetage, le germe du scaphandre actuel, et ils n’hésitent pas à déclarer qu’on doit à cet excellent homme une grande reconnaissance pour avoir, le premier, abordé un ordre d’idées qui devaient conduire aux plus brillants résultats. Malgré toute notre bonne volonté, nous ne saurions souscrire à ce jugement. L’abbé de Lachapelle a inventé le nom de scaphandre, c’est quelque chose, mais c’est là tout ce qu’on peut lui accorder. Qu’y a-t-il de commun, en effet, entre la ceinture de sauvetage de l’abbé de Lachapelle et le scaphandre de nos jours ? L’une sert à se soutenir à la surface de l’eau, l’autre à plonger dans ses profondeurs. Dans l’appareil moderne, l’air comprimé joue le rôle principal ; dans la ceinture de sauvetage de l’abbé, il n’est aucunement question d’air comprimé. Cela se conçoit, puisque l’homme qui en est revêtu respire tout à son aise, à l’air libre.

Le premier appareil qui constitue un essai dans la direction du scaphandre proprement dit, date de l’année 1797. Il fut inventé en Allemagne, par un certain Klingert, de Breslau.

Il se composait (fig. 399), d’un épais cylindre en fer-blanc, arrondi en dôme au sommet, qui recouvrait complétement la tête et le torse du plongeur, sauf les bras, qui sortaient par des ouvertures. Une jaquette à manches s’arrêtant aux coudes et un caleçon de cuir, descendant jusqu’aux genoux, protégeaient contre la pression de l’eau, les quatre membres du plongeur, à l’exception des jambes et des avant-bras, qui, jusqu’à la profondeur de 6 ou 7 mètres, peuvent parfaitement supporter cette pression. Toutes les pièces de l’appareil étaient imperméables, et les joints, faits avec soin, empêchaient l’irruption du liquide. Deux trous, B, garnis de verres et percés à la hauteur des yeux, donnaient accès