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ment remonté, sous peine d’asphyxie pour ceux qu’il renferme. Il va sans dire néanmoins, que le temps de séjour au fond de l’eau, pourrait être prolongé, si la capacité de l’appareil était considérable.

Il paraît que, déjà du temps d’Aristote, on avait introduit dans la cloche à plongeur un premier perfectionnement, consistant à y renouveler l’air de temps à autre. On se servait dans ce but, d’un tuyau, que le philosophe de Stagire compare à la trompe de l’éléphant ; et si l’on en croit un illustre physicien du moyen âge, Roger Bacon, Alexandre le Grand lui-même se serait servi de machines « avec lesquelles on marchait sous l’eau, sans péril de son corps, ce qui permit à ce prince d’observer les secrets de la mer. »

En dépit de ces quelques mentions faites par les auteurs, on peut assurer que la cloche à plongeur ne rendit que fort peu de services dans l’antiquité.

La cloche à plongeur disparaît pendant tout le moyen âge. Ce n’est qu’au xvie siècle qu’elle commence à revoir le jour. On procède à des expériences avec cet appareil en Espagne et en Italie.

En 1538, sous les yeux de Charles-Quint et de plusieurs milliers de personnes, deux Grecs descendirent au fond du Tage, à Tolède. Ils s’étaient placés dans une grande chaudière renversée, la véritable cloche à plongeur de l’antiquité. Ils en sortirent au bout de quelque temps, sans même être mouillés. Ce qui occasionna une grande surprise, c’est qu’une lumière qu’ils avaient emportée avec eux, continuait de brûler. On a vu dans l’expérience que représente la figure 396, l’explication physique de ce fait.

En 1552, quelques pêcheurs de l’Adriatique firent également des expériences devant le doge de Venise et un certain nombre de sénateurs. Leur appareil consistait en une sorte de cuve, de près de 5 mètres de haut sur 3 mètres de large. L’un des pêcheurs séjourna dans l’eau de la lagune environ deux heures.

On a publié à Venise, dans les premières années du xviie siècle, un ouvrage sur l’art de marcher et de travailler dans l’eau en y respirant facilement. Respirait-on réellement avec facilité dans les machines alors en usage ? L’ouvrage le dit ; mais il est permis de suspecter sa véracité, car l’appareil de Venise, connu sous le nom de Cornemuse, ou capuchon de plongeur, laissait beaucoup à désirer. Il se composait d’une grande cuve retournée, dont le sommet recevait des tuyaux flexibles appelés trompes d’éléphant (réminiscence d’Aristote), ou cornemuses. L’un de ces tuyaux aboutissait à la tête du plongeur, qu’il coiffait entièrement, d’où le nom de capuchon du plongeur. Des personnes placées sur le rivage, insufflaient de l’air dans les tuyaux, au moyen d’énormes soufflets à main.

Quelque imparfait que fût cet appareil, il établit l’existence, au xviie siècle, d’une véritable cloche à plongeur, perfectionnée et rendue pratique.

En 1653, un Anglais nommé William Phipps, fils d’un forgeron, imagina un appareil pour aller chercher au fond de la mer les débris d’un vaisseau espagnol qui s’était récemment perdu sur la côte d’Hispaniola (île de Saint-Domingue, ou d’Haïti, dans les Antilles). Aucun détail ne nous est parvenu sur cette invention. Tout ce que l’on sait, c’est que le roi d’Angleterre, Charles II, s’intéressa à l’entreprise du forgeron, et lui proposa, à titre d’essai, de repêcher un vieux navire. William Phipps échoua complétement.

Après son insuccès, il revint à son premier métier, ou plutôt il tomba dans une profonde misère. Néanmoins, il ne se découragea pas. Il ouvrit une souscription publique, à laquelle le duc d’Albemarle contribua largement.

En 1667, William Phipps frète un navire de 200 tonneaux, pour aller repêcher les richesses sous-marines qui lui avaient été si-