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éclairage à la cire est complètement abandonné. On ne confectionne plus aujourd’hui une seule bougie de cire pour l’éclairage des salons, et si la fabrication des cierges d’église ne faisait conserver encore, dans un petit nombre de pays, pour cette destination, l’usage de la cire, imposé par le rite catholique, le mot d’éclairage à la cire serait rayé du vocabulaire industriel.

L’éclairage par les corps gras solides ne comprend donc aujourd’hui que la chandelle et la bougie stéarique. En Angleterre et en Amérique, on leur ajoute les bougies de paraffine, et le blanc de baleine, qui servent à confectionner des bougies de luxe.

Pour traiter de l’éclairage par les corps gras solides, nous avons donc à parler de la chandelle et de la bougie stéarique, et à compléter ces données par quelques mots sur la préparation des bougies de paraffine et de blanc de baleine.

Tout le monde sait que la chandelle n’est autre chose que la graisse d’animaux herbivores (le bœuf et le mouton), modelée en longs cylindres, et pourvue d’une mèche de coton. On nomme suif la matière grasse extraite de la chair du bœuf ou du mouton, et axonge la graisse du cochon, graisse qui n’entre jamais, d’ailleurs, dans la composition des chandelles.

Le suif est acheté, dans les abattoirs, par les fabricants de chandelles. Détachée de l’animal par le boucher, cette graisse est livrée à ces fabricants, sous le nom de suif en branches, parce que la matière grasse n’est pas encore séparée des membranes qui la recèlent.

Le fabricant de chandelles doit donc commencer par séparer la graisse de l’animal, des cellules qui la renferment.

La première opération consiste à diviser le suif en fragments, qui permettront de le soumettre plus facilement à l’action de la chaleur ; la seconde, à retirer, par la chaleur, la matière grasse contenue dans ce tissu.

Pour diviser le suif en branches, un ouvrier place la matière brute venant de l’abattoir, sur une table, dans laquelle est fixé, par un anneau, un large couteau, dont la pointe est immobile, et dont l’extrémité mobile est pourvue d’un manche, comme le couteau du boulanger. Tenant de la main droite le manche de ce couteau, l’ouvrier élève et abaisse la lame tranchante ; tandis que, de la main gauche, il présente le suif à découper. Les fragments reçus dans une manne d’osier, sont portés de là dans la chaudière.

Cette chaudière est en fonte ou en cuivre. Elle est chauffée à feu nu, et non par la vapeur ; car la température de l’ébullition de l’eau ne serait pas suffisante pour chasser la matière grasse des cellules dans lesquelles elle est très-exactement enfermée. Un ouvrier remue constamment la matière chauffée, pour l’empêcher de se brûler au contact du métal trop chaud. L’action de la chaleur brise, ouvre les cellules adipeuses, et la chaudière se remplit peu à peu de graisse liquide ; tandis que les membranes qui constituaient les cellules et le tissu adipeux, se contractent et se réunissent à la surface du bain fondu, en produisant ce que l’on nomme des crettons dans le nord de la France, et des graillons dans le midi.

Quand tout le suif est fondu, un ouvrier le puise avec une cuiller de bois, et le verse sur une sorte de filtre, qui consiste en un simple panier d’osier, ou une écumoire en cuivre, et que l’on nomme baratte. Quelquefois un tamis de crin sert à opérer cette filtration, c’est-à-dire à séparer du suif fondu les crettons tenus en suspension dans la matière grasse liquide.

Quand le produit liquide ainsi filtré, est au moment de se figer, par le refroidissement, on le coule dans de petits tonneaux de bois, nommés caques, ou tinettes, et qui renferment environ 24 kilogrammes de suif fondu.

Les crettons, c’est-à-dire les membranes séparées du suif de mouton et de bœuf, pen-