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c’est que les yeux de ces poissons sont bien développés, ce qui exclurait l’idée d’une longue existence souterraine.


CHAPITRE XIII

considérations générales sur les puits forés. — effets des marées sur certains puits artésiens. — particularités que présentent certains puits artésiens. — peuvent-ils tarir ? — température des eaux fournies par les puits artésiens. — usages de ces eaux.

Nous terminerons cette Notice par quelques considérations générales sur les puits artésiens, s’appliquant à l’ensemble des sources jaillissantes aujourd’hui connues.

Disons d’abord que le régime de certains puits artésiens est lié au phénomène des marées, c’est-à-dire que leur débit s’accroît ou diminue selon le flux ou le reflux de la mer.

Ce fait est parfaitement constaté, pour quelques localités voisines de la mer ; on remarque que le niveau des fontaines artésiennes monte et baisse avec la marée. La ville de Noyelle-sur-mer (Somme), et toute la contrée aux alentours d’Abbeville, en ont fourni des exemples.

À Fulham, près de la Tamise, un puits de 97 mètres de profondeur, débite 273 ou 363 litres d’eau, selon que la marée est basse ou haute.

Il existe sur la côte occidentale d’Islande, des sources d’eau douce dont le produit augmente et diminue avec le flux et le reflux de la mer. Certaines sources thermales haussent même complétement aux époques des plus basses marées.

Arago a le premier donné l’explication de ce phénomène.

Supposons qu’un puits artésien soit alimenté par une rivière souterraine, qui va déboucher dans la mer ou dans un fleuve où se fasse sentir l’influence des marées. N’est-il pas évident que lorsque la haute mer arrivera sur l’orifice de sortie de cette rivière, elle diminuera son débit par l’effet d’une augmentation de pression sur le courant souterrain qui cherche à s’échapper, et que ce courant refluera sur tous les points où il ne trouvera pas d’obstacle à son mouvement ? Le niveau de l’eau montera donc dans les puits artésiens alimentés par la rivière que nous considérons. Un effet contraire se produira à la marée basse.

Cette théorie a été confirmée par des observations faites avec soin sur un puits creusé en 1840 à l’hôpital militaire de Lille. Ce puits éprouvant toutes les vingt-quatre heures des variations de débit, le capitaine du génie Bailly fut chargé, sur la demande d’Arago, de tenir note exacte de ces variations, ainsi que des heures où elles se produisaient. Des observations de M. Bailly, il résulta que les variations les plus considérables coïncidaient avec les syzygies lunaires, et les moins grandes avec les quadratures lunaires : indice certain qu’elles dépendaient du phénomène des marées. En comparant l’heure de la pleine mer, sur la côte la plus voisine, avec celle à laquelle se produisait le débit maximum du puits de Lille, on constata une différence de huit heures ; d’où l’on peut conclure que la pression exercée par la haute mer sur l’orifice de sortie de la rivière souterraine, emploie huit heures à se propager jusqu’à Lille.

Certains puits artésiens fonctionnent d’une manière irrégulière. Ils présentent des anomalies dont quelques-unes s’expliquent facilement, mais dont les autres restent enveloppées de mystère.

Il n’est pas rare, par exemple, de voir plusieurs sondages accomplis dans les mêmes conditions, poussés jusqu’à la même profondeur et dans le même terrain, aboutir à des résultats tout différents. Dans un cas on obtiendra une source abondante ; dans l’autre, rien. À quoi cela tient-il ? Tout simplement à ce qu’on n’a pas atteint une nappe vérita-