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Ce nouveau puits artésien à grande profondeur, qui, avec les puits de Grenelle et de Passy, est le troisième de cette catégorie existant à Paris, a été pratiqué dans la grande raffinerie de sucre de M. Say, située au boulevard de la Gare, près de la barrière d’Italie. M. Say avait donné à MM. Saint-Just et Dru, successeurs de M. Mulot, la mission de faire ce puits artésien. Le succès a été complet. Le trépan a rencontré à 562 mètres (cinq fois la hauteur du dôme des Invalides) une nappe liquide qui a fait jaillir une colonne d’eau, à la température de 28°, fournissant 10 000 litres d’eau par vingt-quatre heures et pouvant s’élever jusqu’à 25 mètres de hauteur. L’opération n’a demandé que quatre ans, et la dépense totale n’a pas dépassé 300 000 francs.

Espérons que les deux puits que la ville de Paris fait creuser en ce moment à la Chapelle Saint-Denis et à la Butte-aux-cailles, réussiront aussi bien que celui de M. Say.


CHAPITRE XI

principaux puits artésiens creusés en france et à l’étranger. — leur profondeur et leur débit.

Nous venons de parler des puits artésiens forés à Paris. Ils nous ont servi à donner des applications intéressantes des procédés décrits dans le premier chapitre de cette Notice. Outre les puits forés dont il vient d’être question, il en existe un grand nombre d’autres, sur toute l’étendue de la France. Parmi les départements les plus favorisés sous ce rapport, nous citerons ceux de la Seine, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne, de l’Oise, de l’Aisne, de l’Orne, de la Manche, du Calvados, de la Seine-Inférieure, de la Somme, du Pas-de-Calais, du Nord, de la Haute-Marne, des Ardennes, de la Moselle, du Bas-Rhin, de la Haute-Saône, de Saône-et-Loire, de la Loire, de l’Allier, de l’Yonne, de l’Eure, d’Eure-et-Loir, du Loiret, d’Indre-et-Loire, de Maine-et-Loire, de la Sarthe, du Var, de l’Hérault, des Pyrénées-Orientales.

Parmi les pays étrangers, l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne et l’Italie, sont ceux où l’art des sondages a fait le plus de progrès.

Malgré leur audace et leur esprit d’initiative, les Américains des États-Unis ne sont pas très-avancés sous ce rapport ; et pourtant cette partie du Nouveau-Monde est placée dans d’excellentes conditions, au point de vue des richesses aquifères intérieures.

Les travaux des mines ont beaucoup contribué et contribueront toujours beaucoup, à la multiplication des puits artésiens. Il arrive souvent qu’en sondant le sol, pour y découvrir des gisements de houille, de sel gemme ou de toute autre substance, on rencontre une ou plusieurs nappes d’eaux jaillissantes, qu’on exploite ou qu’on laisse de côté, suivant la position du puits par rapport aux centres de population. Mais on en conclut que le pays est propice à la création de fontaines artésiennes.

Les puits de Grenelle, de Passy et du boulevard de la Gare, dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, sont les plus profonds que possèdent le département de la Seine et la France entière.

Dans la Seine-Inférieure, des recherches de houille faites près de Saint-Nicolas-d’Aliermont, à 15 kilomètres de Dieppe, ont amené la découverte de sept nappes ascendantes, dont la plus profonde était située à 333 mètres. Leur abondance était telle qu’en trente-six heures tous les travaux de mines furent inondés. L’eau n’étant pas, dans ce cas, le but des recherches, on se vit contraint d’abandonner l’exploration.

À Sotteville, près Rouen, un forage entrepris pour le compte d’une société houillère, a été poussé jusqu’à 320 mètres par MM. Degousée et Laurent. À 254 mètres, on trouva une source salée très-abondante, d’une température de 25°, et qui jaillit au-dessus du sol. La ville de Rouen n’ayant pas voulu l’uti-