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résidus solides laissés par l’évaporation d’un litre d’eau. Mais elles offrent, quant aux substances dissoutes, un tel désaccord qu’il faut admettre que la composition de l’eau n’était pas la même aux deux époques différentes où ces analyses ont été faites. Il était donc utile de procéder à une nouvelle analyse, pour rechercher si l’eau de ce puits offre la même composition qu’aux premiers temps de son débit. En 1887, M. Péligot a fait une nouvelle analyse, et il est arrivé au résultat suivant :

Eau = 1 litre.
Carbonate de chaux 
0g,0579
Carbonate de magnésie 
0 ,0163
Carbonate de potasse 
0 ,0205
Carbonate de protoxyde de fer 
0 ,0031
Sulfate de soude 
0 ,0161
Hyposulfite de soude 
0 ,0091
Chlorure de sodium 
0 ,0091
Silice 
0 ,0099
  0g,1420

On remarquera dans cette analyse de M. Peligot, la présence de l’hyposulfite de soude, substance dont l’existence est assez difficile à expliquer. Quelques sulfures provenant des couches profondes du globe, se sont sans doute transformés en hyposulfites.


CHAPITRE IX

le puits du passy — application du système kind.

Le succès du forage de Grenelle avait démontré péremptoirement la possibilité d’obtenir des eaux jaillissantes dans l’intérieur même de Paris. Les vues théoriques des géologues avaient reçu, en fait, une éclatante confirmation. La couche perméable de sables verts qui vient affleurer dans les environs de Troyes, à un niveau supérieur au sol de la capitale, doit fournir, en ce dernier lieu, une colonne d’eau jaillissante : voilà ce qu’avait dit la science, et elle ne s’était pas trompée. Lors donc qu’on eut résolu de transformer le bois de Boulogne en un parc agrémenté de lacs, de rivières et de cascades, on songea à creuser dans son voisinage, un nouveau puits artésien, capable de suffire à cette énorme consommation d’eau.

Sur ces entrefaites, un ingénieur saxon, M. Kind, inventeur d’un système perfectionné de sondage, offrit d’exécuter ce travail dans des proportions beaucoup plus grandioses que celles du puits de Grenelle, et à des conditions fort avantageuses pour la ville. M. Kind promettait de creuser un puits quatre ou cinq fois plus large que le premier, dans le délai d’un an, moyennant la somme de 350 000 francs.

Le système de M. Kind consistait à employer des barres de bois pour remplacer les tiges de fer qui sont habituellement en usage pour opérer le creusement des puits, et à n’agir, à toutes les profondeurs, que par percussion, au moyen d’un trépan, qu’un déclic venait faire tomber au moment voulu, et qui creusait le sol par sa chute. Ce système avait réussi entre les mains de M. Kind dans tous les forages qu’il avait exécutés jusque-là.

Le 14 juillet 1855, sur l’avis favorable d’une commission composée de notabilités scientifiques et d’ingénieurs, un traité, dont voici les principaux articles, fut passé entre le préfet de la Seine et M. Kind :

« Le puits percé d’après les procédés de M. Kind, sous la surveillance de l’ingénieur des ponts et chaussées chargé de la direction du service des promenades et plantations de la ville de Paris, aura dans toute sa profondeur une section minimum de 0m,60 de diamètre intérieur (0m,43 de plus que le puits de Grenelle, celui-ci ne mesurant que 0m,17 à la base).

« Il sera descendu de 25 mètres au moins dans la couche aquifère des grès verts, située, en moyenne, à 460 mètres au-dessous du sol de la plaine de Passy, et devra être garni d’un cuvelage en bois de chêne formant tube de retenue.

« Un tube ascensionnel de 23 mètres de hauteur environ au-dessus du sol de l’orifice du puits élèvera