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assez de largeur pour cet instrument. Il fallut se décider à agrandir le puits et à lui donner, avec l’alésoir, 16 centimètres de diamètre, au lieu de 13.

Ce travail exigea neuf mois. Pendant sa durée, un nouvel accident vint compliquer le premier d’une manière bien fâcheuse. La tige de suspension s’étant cassée, toute la sonde, comprenant les barres et l’alésoir, fut précipitée dans le trou, ainsi qu’une pièce de fer forgé, coudée à angle droit, qui provenait d’un encliquetage destiné à retenir la sonde.

On releva la plupart des barres au moyen de la cloche à vis ; mais on n’eut raison de l’alésoir qu’avec une extrême difficulté. On le prit d’abord avec la caracole, puis avec le taraud, et ce n’est qu’à grand’peine qu’on le remonta, attendu que le morceau de fer coudé faisait coin et s’opposait à son extraction.

Quant à l’alésoir, il n’offrait aucune prise aux instruments, et l’on ne réussit, en voulant l’extraire, qu’à le pousser sur la cuiller en permanence dans le trou de sonde. Des galets tombés d’en haut, étant venus s’accumuler au même point, la cuiller fut soustraite à toute tentative d’extraction, et l’on n’eut plus d’autre ressource que de pulvériser tout ce qui se trouvait au-dessus, et, au besoin, une partie de l’instrument lui-même.

Des douilles, taillées à leur base, furent confectionnées pour accomplir cette besogne, qui avança fort lentement, comme on le pense bien.

C’est à cette occasion qu’on descendit une sixième colonne de garantie, pour se débarrasser de la vase que fournissaient continuellement 250 mètres de terrains non tubés. Cette colonne fut mise en place le 14 juin 1838 : elle avait 0m,265 de diamètre et 208m,80 de longueur, descendait jusqu’à 350 mètres et pesait 6 478 kilogrammes.

Le 1er août 1838, quatorze mois après sa chute, la cuiller fut définitivement retirée du trou de sonde. On n’en ramena que 3 mètres, en très-mauvais état ; le reste, c’est-à-dire 4m,13, avait été broyé.

Depuis le 3 août jusqu’au mois de décembre, la sonde se brisa encore, et ce ne fut pas sans difficulté qu’on parvint à l’extraire, attendu qu’elle s’engageait, en remontant, entre les parois de la colonne de garantie et celles du sondage.

On pensa, non sans raison, que les ajustements avaient pu, durant les nombreuses manœuvres de la sonde pour retirer la cuiller brisée, pratiquer dans les couches tendres, une rainure, où venaient se loger les barres ; que celles-ci se courbaient dans l’excavation qui leur était offerte, qu’elles l’agrandissaient en tournant, et que finalement elles cassaient, quel que fût leur diamètre. En conséquence, on résolut de tuber le trou de sonde jusqu’au fond. La septième colonne de garantie fut descendue, le 28 janvier 1839, jusqu’à la profondeur de 400,60 : elle avait 0m,21 de diamètre et 340 mètres de longueur.

En 1840, on était arrivé à 500 mètres de profondeur, et l’eau ne paraissait pas ! M. Mulot dut solliciter du conseil municipal une nouvelle autorisation et un supplément d’allocation.

Comme l’allocation demandée se faisait trop attendre, au gré de son impatience, M. Mulot, animé d’un patriotisme, trop rare de nos jours, déclara qu’il poursuivrait le forage à ses frais, et il reprit sa sonde. Il ne lui avait été alloué à grand’peine que 263 000 francs ; il en prit 40 000 sur sa propre fortune.

Un nouveau marché intervint alors entre la ville de Paris et M. Mulot, pour une autre percée de 100 mètres, moyennant la somme de 84 000 francs, non compris les frais d’alésage et de tubage provisoire.

À la profondeur de 505 mètres, on entra dans l’argile brune micacée, renfermant des pyrites de fer. D’abord assez compacte, cette argile devint tellement coulante, à la profondeur de 515 mètres, qu’on reconnut l’impossibilité de pousser le forage plus loin sans une huitième colonne de garantie.