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remontant dans l’espace annulaire compris entre la sonde et les parois du trou, établit le courant ascensionnel qui doit entraîner les déblais ; on fait alors agir la sonde comme une sonde ordinaire, et, à mesure qu’il y a une partie détachée par l’outil, elle est à l’instant entraînée dans un courant ascensionnel. »

Il résulte de cette manière de procéder, qu’il devient inutile de remonter la sonde pour nettoyer le trou, puisque la vidange se fait automatiquement à l’aide de l’eau injectée dans le forage ; donc, économie très-notable de temps. Autre avantage important : la base de l’outil perforateur étant constamment dégagée de tous les débris qu’on laisse s’accumuler d’ordinaire pendant un certain temps, les difficultés du travail se trouvent réduites dans une énorme proportion. En outre, il y a peu d’éboulements à craindre, la sonde agit avec la même efficacité aux profondeurs les plus diverses, et, par cela même qu’elle est creuse, elle résiste mieux à la torsion qu’une sonde massive, à volume égal, sa résistance à la traction étant aussi considérable.

Toutes ces considérations militent fortement en faveur du système de M. Fauvelle. Cependant les praticiens ont exprimé contre ce procédé des critiques qui ne sont pas sans valeur.

Qu’arrivera-t-il, a-t-on dit à l’inventeur, lorsque vous rencontrerez, dans le cours de votre sondage, un ou plusieurs courants d’eau ? Il est évident que, dans ce cas, les déblais seront déviés de la base du forage par la force du courant, qu’ils ne pourront être entraînés jusqu’à la surface du sol, qu’ils s’amasseront dans le trou de sonde et qu’ils paralyseront tous les mouvements de l’outil.

Qu’arrivera-t-il, lui a-t-on dit encore, si vous avez à traverser une nappe ascendante, non jaillissante ? L’eau que vous injecterez dans le forage sera absorbée par cette nappe, et les détritus ne parviendront pas en haut du puits. De plus, l’eau injectée dans le trou de sonde devant être animée d’une notable vitesse, pour remonter les débris jusqu’au sol, il faut absolument donner à toutes les parties de l’appareil de vastes proportions, dès que le sondage atteint seulement 25 ou 26 centimètres de diamètre : de là des dépenses fort élevées.

Ces objections étaient fondées, on en eut bientôt la preuve. M. Fauvelle, ayant commencé un sondage à Paris, près de la gare de Saint-Ouen, ne put le pousser au delà de la première nappe d’eau, située à 20 mètres de profondeur. Et pourtant il avait obtenu, et il obtint plus tard encore, de nombreuses réussites dans le bassin de Perpignan. C’est que les terrains de cette localité, éminemment sableux, se prêtaient parfaitement à l’emploi de cette espèce de lavage continu, tandis que dans d’autres terrains plus profonds, et qui changeaient de composition, cette méthode ne devenait plus applicable.

En faut-il davantage pour démontrer que les modes de sondage doivent varier suivant les formations qu’on exploite, et que tel système, habilement combiné pour donner les meilleurs résultats dans des terrains d’une nature particulière, est condamné à échouer dans des terrains d’une autre texture ?

Reprenons notre description de l’établissement d’un puits artésien.


CHAPITRE V

les accidents des sondages. — outils qu’on emploie pour y remédier. — raccrocheurs. — arrache-sonde.

Bien des accidents viennent entraver l’opération des sondages ; on n’en finirait point si l’on voulait les énumérer tous. Il en est même qui surviennent en dehors de toutes les prévisions, et qu’il serait conséquemment impossible de consigner d’avance. D’après cela, sans vouloir entreprendre une tâche qui serait oiseuse autant qu’ingrate, nous nous bornerons à donner quelques exemples des accidents les plus fréquents, et à décrire les outils qu’on emploie pour y remédier.