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mer pendant toute la durée du travail ; elles varient donc entre des limites assez considérables. Le prix du mètre cube de bâtisse coûte depuis 30 francs jusqu’à 200 francs.

Il serait d’une grande utilité qu’on pût être renseigné par les balises, non-seulement pendant le jour, mais aussi pendant la nuit. Pour réaliser ce desideratum, on a eu l’idée d’y placer des cloches mises en branle par le mouvement même des flots. Ce n’est plus l’œil qui est averti, c’est l’oreille ; mais le résultat est le même.

On a appliqué ce système à une tourelle construite à l’entrée du port de la Rochelle. Dans la paroi de l’édifice, est scellé un tube vertical, dans lequel un flotteur se meut librement. Ce flotteur agit sur deux leviers coudés qui supportent les battants de la cloche. Les résultats obtenus ont été assez satisfaisants.

Pour donner une idée du mode de construction d’une tour-balise, nous rapporterons la description que donne M. Léonce Reynaud, dans le catalogue des objets présentés à l’Exposition universelle de 1867, de la tour-balise de l’île de Noirmoutiers, établie en 1866, pour signaler l’écueil nommé le Bavard.

« La tour-balise du Bavard, dit M. Léonce Reynaud, commencée le 29 avril 1865 et terminée le 30 août 1866, est située au sud-ouest de la pointe du Devin (île de Noirmoutiers), à 5 600 mètres environ de la côte, à l’extrémité la plus au large du plateau des Bœufs.

« Les courants de marée sont assez forts sur ce point, et leur direction est très-variable par suite de la proximité de l’île d’Yeu, du goulet de Fromantine, de l’îlot du Pilier et de l’entrée de la Loire, qui tendent à modifier les courants principaux de flot et de jusant.

« La mer y est parfois d’une violence extrême, parce que les grandes lames de l’Atlantique arrivent sur le plateau sans avoir rencontré jusque-là aucun obstacle de nature à diminuer leur puissance. On en donnera une idée en citant ce fait que souvent, dans les gros temps, les paquets de mer s’élèvent au-dessus de la coupole du phare du Pilier, qui domine de 32 mètres le niveau des plus hautes mers.

« Aussi le plateau des Bœufs est-il un écueil des plus dangereux sur lequel on a à déplorer chaque année de nombreux sinistres, et il était important d’en signaler la pointe la plus avancée en mer.

« Le niveau moyen de l’aiguille du Bavard sur laquelle on a dû s’établir ne dépasse que de 0m,30 les basses mers de vives eaux ordinaires.

« La construction est entièrement exécutée en moellons. Elle est en maçonnerie pleine, a 9m,25 de hauteur sur 5m,60 de diamètre à la base et 4m,40 au sommet, est surmontée d’une balise en fer de 3m,25 de hauteur, se terminant par une sphère de 0m,70 de diamètre, et porte quatre échelles de sauvetage.

« Elle est munie d’une sonnerie de l’invention de M. Foucault-Gallois, mécanicien à l’île de Ré, qui avait déjà été appliquée avec succès à la tour de Richelieu, à l’entrée du port de La Rochelle et dont le système est très-simple. Voici en quoi il consiste :

« Un flotteur en cuivre porte une longue crémaillère en bois, avec armatures en cuivre, dont les dents ou cames agissent sur les extrémités inférieures de deux bras de levier dont les extrémités supérieures sont des marteaux frappant sur une cloche fixée au sommet de la tour, toutes les fois que les extrémités inférieures des bras de levier sont soustraites à l’influence des cames de la crémaillère.

« Le flotteur, qui se meut dans un puisard ménagé dans les maçonneries et qui est fermé par des portes en forte tôle galvanisée, est mis en mouvement par les ondulations constantes de la mer dont la transmission est facilitée par de nombreuses ouvertures ménagées dans la porte inférieure.

« Le flotteur est cylindrique et terminé par deux calottes sphériques ; il porte un système de trois galets se mouvant dans des glissières de fer galvanisé encastrées dans les maçonneries, et dont un est placé normalement aux deux autres, afin que le frottement de glissement soit toujours remplacé par celui de roulement, quelle que soit la face des glissières avec laquelle ces appendices soient en contact.

« Dans le même but, les dents de la crémaillère sont remplacées par des galets roulant sur ceux que portent aussi les extrémités inférieures des bras de levier marteaux.

« La crémaillère est formée de deux tiges reliées à leurs extrémités par des traverses horizontales et entre lesquelles passe un double système de galets à plans normaux portés par un chariot encastré dans la maçonnerie et destiné à diriger les mouvements de la crémaillère qui, lorsqu’elle s’élève au-dessus de la tour, y est soutenue par une plaque en fer galvanisé munie de galets pour diminuer le plus possible les frottements.

« Pour arrêter le mouvement ascensionnel de la crémaillère, le chariot est muni d’un taquet avec matelas en caoutchouc, placé de manière que le flotteur puisse s’élever à 0m,95 au-dessus des plus hautes mers de vives eaux d’équinoxe.

« La cloche, qui complète le système de sonnerie et qui pèse 250 kilogrammes, est supportée par un pied à trois branches scellées dans le couronnement de la tour. Ce pied porte en son milieu un axe autour du-