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Afin d’assurer la régularité de l’entretien du feu, une convention a été passée entre le Maroc, d’une part, et d’autre part les représentants des puissances, au nombre de dix, qui s’y sont reconnues intéressées, à savoir : la France, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, l’Autriche, la Belgique, la Hollande, le Portugal, la Suède et les États-Unis d’Amérique.

Ces puissances contribuent aux dépenses, chacune pour 1 500 francs par an. Leurs représentants à Tanger, réunis en commission, statuent sur toutes les mesures à prendre dans l’intérêt du service. Les gardiens du phare sont Européens ; ils ont une garde marocaine, composée de quatre hommes et d’un caïd, et qui est à la solde de la commission consulaire.

L’édifice consiste en une tour carrée au dehors, circulaire au dedans, située sur l’un des côtés d’une cour entourée de portiques, sous lesquels sont ouverts et éclairés les logements et magasins. Ces salles sont voûtées et couvertes en terrasse. Elles ne sont percées au dehors que de très-étroites ouvertures, de sorte que la porte étant fermée, les gardiens sont à l’abri des surprises nocturnes, et pourraient même résister aux attaques des indigènes, de manière à permettre aux secours d’arriver de Tanger en temps utile.

Le phare du Maroc fait le plus grand honneur à la France ; M. Jacquet est l’ingénieur qui en a dirigé tous les travaux.

La figure 309 représente le phare du cap Spartel, d’après une photographie qu’a bien voulu mettre à notre disposition M. Léonce Reynaud, directeur du service des phares français.

Si nous nous transportons maintenant dans l’Inde, sur la côte de Coromandel, nous y rencontrerons un phare de construction plus ancienne, qui a été également dressé par des mains françaises : c’est celui de Pondichéry, bâti en 1836.

La ville de Pondichéry est le chef-lieu des établissements français dans l’Inde. Pondichéry n’a point de port, mais seulement une rade ouverte, où la mer forme un remous continuel, qui rend le débarquement difficile.

La côte de Coromandel est extrêmement basse, parsemée d’écueils et de bancs, qui s’étendent à plusieurs milles au large. L’approche de cette côte est dangereuse. Souvent les navires, dépassant Pondichéry de nuit, et se trouvant trop éloignés, restaient plusieurs jours sous le vent de la rade avant de pouvoir s’en approcher.

C’est pour cette dernière considération que les négociants de Pondichéry demandèrent, en 1834, l’établissement d’un phare.

Le phare qui fut élevé à Pondichéry, est de troisième ordre ; il n’est destiné qu’à indiquer le mouillage aux navires venant du large. Cependant, par sa position élevée et sa blancheur éclatante, il peut fonctionner comme phare d’atterrage ou de premier ordre, car on l’aperçoit de 12 à 15 milles de distance en mer.

Cet édifice (fig. 310) se compose d’une tour qui s’élève au-dessus d’un soubassement rectangulaire contenant le logement du gardien et les magasins. Sa hauteur au-dessus du sol est de 26 mètres et de 29 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Ce phare a été construit en maçonnerie de briques. La promptitude et la simplicité des moyens employés pour sa construction, sont dignes de remarque. Commencés en 1836, les travaux étaient entièrement terminés avant la fin de la même année. Pendant ce temps toute la charpente avait été confectionnée, ainsi que 654 mètres cubes de maçonnerie, pour la construction des neuf puits sur lesquels repose le soubassement de la tour, et des autres parties en élévation. La dépense qu’ont occasionnée ces travaux, en y comprenant les enduits avec stuc, dont les murs sont revêtus, ne s’est élevée qu’à la somme de 7 702 francs.

Ces travaux, dirigés par M. Louis Guerre, chargé, en 1836, du service des ponts et chaus-