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le couvercle P on remplira la coupe d’huile par le tube XO, l’air s’échappant par le tube MN et encore par le robinet ouvert placé au fond CD, l’eau qui est dans le compartiment CDEF s’écoulera en même temps. Alors, posant le couvercle P, quand on aura besoin d’alimenter l’huile, nous ouvrirons le robinet R qui est au fond CD, et l’eau se retirant de l’espace ABEF dans l’espace CDEF, l’air qui est dans ce dernier, passant dans la coupe par le tube MN, chassera l’huile qui parviendra jusqu’à la mèche par le tube PO. Quand on voudra arrêter l’écoulement, on fermera le robinet R et on le fera recommencer en ouvrant ce robinet à volonté. »

La figure 28, que nous avons fait graver pour faciliter l’intelligence de cet appareil antique, représente la coupe de la lampe de Héron. La figure 29 donne l’élévation de cet appareil, tel qu’on le trouve figuré dans l’ouvrage du P. Schott.

Philippe de Girard construisit une lampe à peu près semblable à celle qui vient d’être décrite. Dans cette lampe, l’huile, placée dans un réservoir au pied de la lampe, s’élevait jusqu’au bec par suite de la pression qu’exerçait sur elle un liquide d’une densité supérieure à la sienne. Mais ce système était si compliqué, les ouvriers en concevaient si rarement le mécanisme, qu’il était difficile de faire exécuter des réparations aux lampes, quand elles devenaient nécessaires. Il fallait en outre, pour cette opération, dessouder les pièces de la lampe, et détruire ses ornements extérieurs. Ces raisons empêchèrent les lampes de Girard de se répandre dans le commerce.

Un autre système de lampe fut imaginé ensuite pour produire l’élévation de l’huile jusqu’au bec. Ces lampes, auxquelles ont attaché leurs noms, Keir, en 1787, et dans notre siècle, Lange, Verzi et Thilorier, sont toutes fondées sur le même principe, et peuvent être réunies dans un groupe commun sous le nom de lampes hydrostatiques.

Le principe physique sur lequel sont fondées les lampes hydrostatiques est le suivant.

Fig. 30.

Prenons un tube en forme d’U (fig. 30), ouvert à ses deux extrémités et renfermant deux liquides différents, qui n’aient aucune action chimique l’un sur l’autre, et qui ne puissent se mélanger entre eux, enfin qui présentent une notable différence de pesanteur spécifique. L’eau et l’huile, le mercure et l’huile, une dissolution saline et de l’huile, sont dans ce cas. Par la surface de séparation des deux liquides, C, menons une ligne horizontale, CD. Les hauteurs BC et AD des liquides d’inégale densité, seront en raison inverse de leur densité. Si, par exemple, le liquide renfermé dans le tube AD, est deux fois plus pesant que celui qui est contenu dans le tube BC, la colonne BC sera deux fois plus longue que la colonne AD.

D’après cela, si l’on dispose un appareil (fig. 31) composé d’un réservoir GH, communiquant avec la partie inférieure d’un autre réservoir DC, au moyen d’un tube EF, et si l’on adapte à la partie supérieure du réservoir GH, un petit tube, a, plus haut que le réservoir GH ; si l’on remplit le réservoir GH et le tube EF, qui lui fait suite, d’un liquide plus pesant que l’huile, de mercure par exemple, et que l’on mette de l’huile dans le réservoir CD, le liquide du réservoir GH descendra dans le réservoir CD, et fera monter l’huile dans le tube AB à une hauteur telle que le poids de la colonne d’huile, AB, soit égal au poids de la co-