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mettre jamais de se toucher, car la lumière s’éteindrait si les deux pôles arrivaient au contact. Le meilleur système de régulateur paraît être celui de M. Serrin. Nous avons décrit cet appareil dans le présent volume [1] nous n’aurons pas, par conséquent, à le décrire de nouveau.

Fig. 292. — Lampe électrique appliquée à l’éclairage des phares.

La figure 292 représente la lampe électrique appliquée à l’illumination des phares. Les deux pointes de charbon, guidées par le régulateur Serrin, E, qui forme le pied de l’appareil, sont placées au foyer du système optique BMN, composé d’une lentille à échelons et d’anneaux lenticulaires. La machine magnéto-électrique, A, que met en action, par l’intermédiaire de la courroie, C, une machine à vapeur, produit l’électricité d’induction. Le courant électrique, suivant les fils a, b, provoque le jaillissement de l’arc lumineux entre les deux pointes de charbon, que le régulateur Serrin se charge lui-même de tenir au degré d’écartement voulu pour la production de la lumière et pour sa fixité.

Les charbons entre lesquels s’élance l’arc lumineux, sont de forme prismatique et de 6 à 8 millimètres de côté ; ils peuvent avoir jusqu’à 60 centimètres de longueur. Leur qualité est un élément de succès très-important. Le meilleur charbon pour la confection des pôles de la lampe électrique est le charbon de cornue de gaz, qui se forme dans les cornues pendant la distillation de la houille. Celui que fournit le commerce, n’est pas toujours suffisamment pur, et l’on est en droit d’espérer des améliorations sous ce rapport. Il faut, en attendant, se contenter des charbons actuels, dont le défaut d’homogénéité, joint à quelques variations dans leur écartement, et au déplacement continuel de l’arc voltaïque, lequel se porte tantôt d’un côté des pointes, tantôt de l’autre, donne lieu à de petites intermittences de la lumière. Ces intermittences ne sont toutefois sensibles que lorsqu’on regarde le point lumineux, ou lorsqu’on essaye de mesurer l’intensité de l’éclairage au moyen du photomètre.

Pour cette dernière évaluation, on a adopté comme unité de lumière, celle d’une lampe Carcel ayant un bec de 2 centimètres de diamètre, et consommant par heure 40 grammes d’huile de colza. Dans l’état actuel des choses, on peut attribuer à l’intensité de la lumière électrique obtenue à l’atelier central des Phares, une puissance moyenne de 200 becs de Carcel, avec un maximum de 280 et un minimum de 100 becs environ.

La consommation du charbon est d’environ 5 centimètres par pôle, dans l’espace d’une heure. On peut conclure de là que l’éclairage électro-magnétique tel qu’il vient d’être décrit est cinq ou six fois moins cher que l’éclairage à l’huile ou au gaz.

Malgré les grands avantages du nouveau mode d’éclairage, les irrégularités qu’il peut comporter nécessitent quelques précautions spéciales.

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